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Délivrez-nous du management ! Monde d’avant et monde d’après dans les métiers de l’humain
#travailsocial #management #liberalisme
Article mis en ligne le 4 juin 2023

C’est un curieux ouvrage que nous propose Jean-François Gomez. Le titre de son livre est un appel : « délivrez-nous du management ! » C’est même une supplique. Je m’attendais de sa part à une déconstruction en règle des différentes théories et des évolutions du management et j’ai découvert tout autre chose. L’auteur, qui n’en est pas à son premier essai loin de là, a écrit un livre singulier qui met en avant ses réflexions glanées au fil de ses rencontres, qu’elles soient littéraires ou humaines. (...)

Cet ouvrage est parsemé d’histoires tirées du quotidien. Elles soulignent à leur manière le dilemme et les contradictions du travail social et de ceux qui sont marginalisés dans une société qui se déshumanise. Sa critique majeure est ici dirigée contre le management et toutes les formes de taylorisation, qui réduisent le rôle de l’homme à de simples tâches exécutives, ignorant la tragédie inhérente à la condition humaine. Jean-François Gomez reste résolument opposé à l’idée que le rôle d’un éducateur spécialisé puisse se résumer à un rôle d’exécutant en étant privés de soutien éthique. Il encourage les professionnels à s’engager dans des recherches approfondies, sans lesquelles toute pratique serait indéfendable.

Une exploration originale des métiers de l’humain

L’auteur questionne à la fois le passé, le présent et l’avenir potentiel de ces métiers. (...)

Il s’agit de ces métiers essentiels révélés lors de la crise sanitaire liée à la Covid. Ils sont mal en point et le management n’y est pas pour rien, nous dit-il.

Ce livre est aussi une invitation à un voyage au fil d’une narration. Celle de l’auteur qui suit le fil de ses pensées parsemé d’intermèdes évocateurs. (...)

Un management mortifère

L’un des sujets majeurs de l’auteur concerne le « néomanagement ». C’est une approche qui, selon lui, contribue à la perte de sens au travail. Il soutient que ces nouvelles « techniques » ont été influencées par les modèles organisationnels mis en place par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles sont souvent utilisées pour appliquer une prétendue connaissance scientifique dans le but de la rationaliser une pratique intrinsèquement subjective.

L’auteur plonge le lecteur dans une exploration du passé, révélant que l’âge d’or qu’on pourrait imaginer, n’était pas si doré. Il met aussi en lumière l’influence de mouvements de pensée progressistes tels que la psychothérapie institutionnelle. Il nous guide ensuite vers l’incertain avenir de nos professions.

Des expériences poignantes qui invitent à la réflexion (...)

Lors des attentats du Bataclan, près de 400 victimes arrivent à l’hôpital Saint Antoine à Paris. Les blessés arrivent avant même que l’information officielle de l’attentat soit diffusée. Aussitôt, les professionnels s’organisent sans aucune consigne, certains rejoignent leur lieu de travail sans qu’il ne leur ait rien été demandé.

Malgré le choc du nombre de victimes et des blessures gravissimes, tous s’organisent dans l’instant. Personne n’a pris le commandement des opérations et pourtant tout fonctionne de manière fluide et logique. Ce sont les gestes qui comptent. Pas besoin de manager pour organiser les équipes. Elles ne se posent pas la question « qu’est-ce que je fais là ? ». Non, elles interviennent avec humanité sans se préoccuper des protocoles et des procédures. Il s’agit de vies qu’il faut sauver. Les soignants furent ce temps-là « délivrés du management ». Il n’en n’avaient pas besoin pour accomplir leurs missions. (...)