
Lu en une de Rue89, le débat entre Martin Hirsch, ex “Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté”, et quelques sympathisants du Front national. Impression cafardeuse d’une déroute : celle de Martin Hirsch et des réponses insignifiantes qu’il apportait à ses contradicteurs frontistes.
(...) Il est coutume de dire, pour se dédouaner de toute complaisance à son égard, que le FN pose les bonnes questions, mais apporte les mauvaises réponses. Les sympathisants du FN réunis par Rue89 ne posaient pas les “bonnes” questions. Ils posaient LEURS questions. Et Martin Hirsch de s’enfoncer dans des réponses de plus en plus déconnectées (...)
Mais alors, leurs réponses à eux, sympathisants égarés d’une cause incertaine ? Cette haine insupportable de l’étranger émigré, cette phobie pathologique de l’invasion islamiste ? Martin Hirsch, du haut de son piédestal d’énarque normalien de gauche, aurait dû s’aviser qu’il ne s’agissait en rien de “réponses”, mais de réflexes épidermiques de survie d’humains aux abois. « Plus malheureux que racistes », comme le souligne Emmanuel Todd. (...)
Dans le film d’Alain Resnais, Mon oncle d’Amérique, le professeur Henri Laborit raconte cette étrange expérience : si vous enfermez un rat dans une cage, que vous le privez de toutes possibilités de fuir, le rat va dépérir, se choper toutes les maladies dites “de civilisation” (« les ulcères de l’estomac, les hypertensions artérielles, l’insomnie, la fatigue, le mal-être… ») ; son poil va se ternir.
Mais si vous mettez un second rat dans la même cage, les deux vont se battre, ne présenteront bientôt plus d’accidents pathologiques, tout poil luisant hérissé dehors.
Le problème de nos sympathisants frontistes (et de bien d’autres qui s’ignorent) n’est pas leurs compagnons d’infortune émigrés qui leur servent d’exutoire dans leurs cages communes. Le problème, CE SONT LES CAGES (oh putain, j’ai la gorge si serrée en écrivant ces lignes) ! (...)
l’unique espoir, c’est l’Indigné occidental, le révolutionnaire arabe, le Mandela ou le Gandhi du moment (si, si, il en surgit toujours un), celui qui un jour prend sur lui de s’en prendre aux verrous des cellules, à la cage elle-même, et aux sinistres gardiens qui en détiennent les clefs. Ceux-là ne font pas la leçon aux prisonniers, ne larmoient pas sur leur sort. Ils participent à leur libération commune sans se boucher le nez.
(...) Wikio