
On peut se contenter de rire de la cuistrerie, mêlée de maladresse, qui pousse un ministre de la République à dire « déterminisme » au lieu de « détermination ». On peut haïr le niveau de désinvolture que cela dénote, et le peu de considération pour un auditoire venu commémorer ses morts. On peut s’en attrister. Mais comme disait Spinoza, on peut aussi dépasser le rire, la rage et les pleurs, et chercher à comprendre. On peut aller un peu au-delà de ces très légitimes émotions et, avec une petite aide de l’ami Sigmund Freud, méditer ce lapsus – et finalement prendre aux mots ledit ministre de la République.
(...) « Déterminisme, nom masculin :
1. Théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents. Contraires : Indéterminisme, Liberté.
2. Enchaînement de cause à effet entre deux ou plusieurs phénomènes. »
Je veux bien croire, en effet, que le président des riches et des lâches va continuer de se soumettre au strict déterminisme de la loi du plus fort et du plus riche, que sa politique extérieure va continuer d’obéir strictement aux causes antécédentes prédominantes que sont d’une part le gaz, le caviar et la thune d’Aliyev, et d’autre part le chantage à la « pression migratoire » du bon vieux Erdogan, sans la moindre volonté politique, la moindre détermination personnelle de faire dévier ladite politique extérieure par le moindre acte de liberté.
Je veux bien croire que notre servile président va continuer de commercer avec Aliyev et Erdogan, à honorer des arménophobes viscéraux comme Pierre Loti ou des suprémacistes comme Atatürk, et copiner avec le régime criminel d’Aliyev via le sinistre Groupe Parlementaire d’Amitié France Azerbaïdjan, intégralement composé de députés LR et LREM.
Je veux bien croire tout cela, même si, très franchement, j’aurais aimé pouvoir croire le contraire.