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Mediapart
Dans un Chili divisé, un duel entre l’extrême droite et la gauche au second tour de la présidentielle
Article mis en ligne le 23 novembre 2021

Le candidat d’extrême droite, José Antonio Kast, arrivé en tête, et celui de la gauche, Gabriel Boric, seront opposés pour le second tour, le 19 décembre. Dans ce scrutin à surprises, Franco Parisi, qui a fait campagne depuis l’étranger, a dépassé les partis historiques. (...)

Ce ballottage montre bien la polarisation politique actuelle d’un pays bouleversé par le mouvement social qui a débuté il y a plus de deux ans, et a abouti à une Constituante. (...)

Avec une gauche fragmentée, Boric, ex-membre du Congrès, n’a pas réussi à séduire davantage d’électeurs au cours des derniers mois de la campagne. (...)

Main tendue

Dans un pays divisé et avec un retournement de situation que de nombreux analystes n’arrivent toujours pas à expliquer après la mobilisation sociale de 2019, la grande surprise de la soirée est venue de Franco Parisi, un candidat qui a fait campagne à distance depuis les États-Unis et s’est tenu à l’écart des débats présidentiels. Avec 12,81 % des suffrages, il est arrivé en troisième position sans avoir mis les pieds dans le pays, battant le favori de la droite, Sebastián Sichel, et la candidate centriste, Yasna Provoste.

Boric a d’ailleurs tendu la main aux candidats de gauche et de centre-gauche, dont Yasna Provoste et le socialiste Marco Enríquez-Ominami, et à leurs électeurs. (...)

Au milieu d’une chaude journée de printemps austral, les Chiliens ont dû supporter de longues files d’attente et se plier aux restrictions sanitaires imposées par la pandémie de Covid-19 pour participer à une élection marquée par un taux de participation de 47,19 %, soit seulement 0,47 % de plus que l’élection présidentielle de 2017.

« Je félicite José Antonio Kast et Gabriel Boric pour leur victoire au premier tour », a déclaré le président Sebastián Piñera, qui quittera ses fonctions en mars prochain et qui, selon la loi, ne peut briguer un troisième mandat. Piñera a aussi appelé les deux adversaires à la « modération ». (...)

Serrant dans ses bras un drapeau chilien et accompagné de sa femme, le candidat d’extrême droite a célébré sa victoire sur scène lors d’un rassemblement au cours duquel les participants ont scandé « Le Chili est et sera un pays de liberté », un slogan classique de l’ère de la dictature militaire d’Augusto Pinochet.

Kast a remercié Dieu et prononcé un discours semblable à ceux de sa campagne, dans lequel il a fait référence à l’ordre et à la sécurité intérieure. (...)

Surprise au Sénat

La surprise vient également d’un autre scrutin où il fallait aussi élire des sénateurs, des députés et des conseillers régionaux. La droite a réussi à emporter la moitié des sièges au Sénat, un résultat sans précédent, tandis que la coalition de Gabriel Boric n’a pas obtenu les sièges escomptés, atteignant seulement 19,2 % des voix.

Cependant, le Parti communiste est de retour au Sénat, après presque cinq décennies d’absence, et Fabiola Campillai, candidate indépendante, rendue aveugle après avoir été victime de la répression policière lors des manifestations de 2019, a recueilli, contre toute attente, le plus de suffrages à Santiago.

Consciente de ce que sa victoire représente pour l’opposition, Campillai s’est déclarée prête à discuter avec Boric pour un éventuel soutien au second tour, assurant que « Boric doit s’engager à ce qu’il y ait liberté et vérité pour tous les prisonniers politiques de la révolte sociale. Ils doivent obtenir justice et réparation, non seulement pour nous les victimes et aujourd’hui survivants, mais aussi pour les familles de tous ceux qui ne sont plus là. Et des garanties que cela ne se répètera pas ».

Compte tenu de ces résultats, aucun des candidats ayant atteint le second tour de la présidentielle ne disposera d’une majorité au Congrès en cas de victoire et chacun sera donc obligé de négocier des alliances avec les autres forces politiques.