Les résultats d’une nouvelle enquête menée dans 40 pays montrent que les changements climatiques préoccupent la plupart des gens. Dans la grande majorité des pays, moins de 3 % des personnes interrogées ont dit considérer qu’il ne s’agit pas du tout d’un problème grave.
Nous avons mené cette recherche pour le rapport annuel de l’Institut Reuters de l’Université d’Oxford sur les nouvelles numériques. Plus de 80 000 personnes ont été interrogées en ligne en janvier et en février 2020.
Près de sept personnes sur dix croient que les changements climatiques constituent « un problème très, ou extrêmement grave », mais l’on observe des différences marquées entre les pays. Le manque de préoccupation est beaucoup plus important aux États-Unis (12 %) ainsi qu’en Suède (9 %), pays d’origine de Greta Thunberg. Malgré la présence de feux de brousse dévastateurs au moment de notre enquête, 8 % des personnes interrogées en Australie ont déclaré considérer que les changements climatiques ne sont pas du tout graves. Les groupes les moins préoccupés sont généralement plus âgés et à droite.
Quatre des cinq pays avec le plus fort degré de préoccupation (de 85 à 90 %) sont situés dans l’hémisphère sud, soit le Chili, le Kenya, l’Afrique du Sud et les Philippines. Toutefois, dans les pays où le taux de pénétration d’Internet est faible, les gens plus aisés et instruits sont surreprésentés dans les échantillons de notre enquête en ligne. (...)
Dans notre enquête, tous pays et marchés confondus, ceux qui se disent de gauche ont tendance à se déclarer plus préoccupés. Ce résultat est davantage visible dans les sociétés très polarisées comme les États-Unis, où 89 % des personnes qui s’identifient comme étant de gauche affirment que les changements climatiques sont graves, contre seulement 18 % de celles qui se disent de droite. (...)
On retrouve un clivage semblable en Suède. (...)
(...) « Depuis 2010, la direction du parti politique les Démocrates de Suède, d’extrême droite, est opposée à toute politique de lutte contre les changements climatiques, y compris l’Accord de Paris. Et nous savons que la diffusion d’idées et de discours négationnistes sur les changements climatiques est très répandue en Suède — notamment avec les médias numériques d’extrême droite qui publient des théories conspirationnistes au sujet de Greta Thunberg. »
Les gens sont de plus en plus attentifs aux informations relatives à la crise climatique
Dans tous les pays, les gens disent accorder plus d’attention aux informations sur le climat diffusées à la télévision (35 %). Les sites d’information en ligne des grands organes de presse sont la deuxième source la plus populaire (15 %), suivie des médias spécialisés dans les questions climatiques (13 %), puis d’autres sources telles que les médias sociaux et les blogues (9 %).
Les données du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Australie correspondent en gros à ces préférences. (...)
On remarque aussi des différences entre les groupes d’âge en ce qui concerne la consultation de nouvelles sur le climat. Les jeunes, particulièrement ceux de la génération Z (18-24 ans), ont davantage tendance à avoir recours à des sources alternatives (17 %) pour les informations sur les changements climatiques ainsi qu’à la télévision (23 %) et aux sites d’information en ligne des grands organes de presse (16 %). Les gens plus âgés, en revanche, dépendent surtout à la télévision (42 %) et utilisent moins les sites d’information en ligne (12 %) ou les sources telles que les médias sociaux (5 %).
Les personnes interrogées des deux côtés de l’échiquier politique critiquent les médias pour leur couverture des changements climatiques, la disant soit trop alarmiste, soit pas assez audacieuse. Cela dit, notre enquête montre que près de la moitié des sondés (47 %) pensent que les médias d’information font généralement un bon travail sur les changements climatiques, alors que 19 % pensent le contraire. (...)