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Dans le Morvan, l’occupation s’organise dans un bois visé par un projet industriel
Article mis en ligne le 27 février 2013

Riverains et militants écologistes tentent de faire barrage à un immense incinérateur qui doit s’implanter au pied du Morvan. L’occupation vient de commencer.

« Un événement grave est en train de se produire dans le Morvan ! » Depuis lundi 4 février, les habitants du pays Corbigeois (Nièvre) sont aux abois. De toute urgence, ils font appel au renfort de militants écologistes de toute la France, pour faire stopper le début de déforestation du bois de Tronçay, au pied du Morvan.

Depuis un peu plus d’un an, ils s’opposent à un projet de scierie et d’incinérateur géants, porté par l’industriel Erscia, qui lorgne sur une forêt de 110 ha sur la commune de Sardy-lès-Epiry. Le projet, soutenu par la majorité départementale socialiste, doit permettre l’installation d’une usine de production d’électricité « verte » par incinération de bois, adossée à la plus grosse scierie de France. Ersia projette d’y fabriquer 250 000 tonnes de « pellets », les granulés utilisés pour le chauffage au bois.

Mais depuis la publication des premiers plans, les militants écologistes et les riverains s’arrachent les cheveux. « Il y a d’énormes incohérences dans le dossier. C’est une catastrophe écologique sous couvert de “greenwashing“ », gronde Régis Lindeperg, de l’association Adret Morvan, créée il y a huit mois contre le projet. (...)

« Au départ, il devait s’agir d’une “cogénération de biomasse“ [matières organiques renouvelables NDLR] mais on s’aperçoit que l’usine sera finalement autorisée à brûler 75 % de déchets de bois », raconte Jérôme Bognard qui tient une petite exploitation d’escargots, en vente directe, à deux pas du futur incinérateur.

Ces déchets, classés « non polluants », concentrent les inquiétudes. « Le tri se fera à l’œil, il ne sera pas fiable. On brûlera donc du bois verni, collé ou peint dans le tout qui générera des émissions polluantes », dénonce Jérôme Bognard.

Les opposants au projet contestent aussi une utilisation « affligeante » des lois en vigueur sur l’énergie « verte » (...)

Des militants débarquent de toute la France pour installer une nouvelle « Zad » (...)

Dans l’urgence, un appel à l’aide a été lancé dans tous les réseaux écologistes et auprès des comités de soutien à la lutte de Notre-Dame-des-Landes qui se sont constitués partout en France. Des dizaines de sympathisants convergent depuis mardi matin et un collectif a été créé, ainsi qu’une occupation de la « Zone à défendre » (Zad) du bois de Tronçay. Les premières cabanes sont déjà sur pied. (...)

« L’occupation durera jusqu’à l’abandon du projet, nous nous relayons tous les jours, une quinzaine de personnes le matin et deux fois plus l’après-midi pour tenir le campement », raconte Muriel André, vice-présidente de l’association Adret Morvan.

La bagarre ne fait que commencer sur le terrain juridique. 5 recours doivent être examinés (...)

Dans un communiqué publié lundi 11 février, dix élus locaux réaffirment leur soutien au projet. Ils se disent « vigilants sur les conditions d’exploitation de ce site » et attachés à « la protection de l’environnement et [au] développement durable ».

« Nous n’acceptons [aucune] forme d’occupation illégale du site », lance surtout le communiqué, signé par des conseillers généraux, le député de la Nièvre, Christian Paul, ainsi que Jean-Sébastien Halliez, président de la communauté de communes des Portes du Morvan.