
Alors que les négociations au Bourget se poursuivent, la société civile se mobilise pour changer de système. La journée de mercredi a été bien remplie, avec les paysans de la Via Campesina devant le siège Danone, des artistes se livrant à une performance au Louvre et HK improvisant un concert dans une agence de BNP-Paribas.
(...) Danone a été choisi comme symbole de cette agriculture industrielle. Dans le groupe, des paysans indonésiens, mexicains, français bien sûr, ou turcs. Ils dénoncent notamment l’annonce de Danone, affirmant viser « zéro émissions » d’ici à 2050, appuyé par la création d’un fonds de compensation carbone, « au service des communautés rurales pauvres dans la mesure où il leur apporte les ressources financières pour leur permettre de réaliser des projets à forte valeur sociale et environnementale », se réjouit le communiqué. (...)
« Le problème, c’est que ce modèle se fait aux dépens des paysans, rétorque Adam. Danone accapare 10.000 hectares de terres au Sénégal, et explique que c’est pour la séquestration de carbone. Donc, des centaines de familles paysannes sénégalaises ont perdu leurs terres pour que Danone puisse expliquer à tout le monde qu’elle compense ses émissions carbone. »
Un Indonésien, représentant d’une organisation de petits paysans, poursuit : « Danone a déjà accaparé de nombreuses terres pour y exploiter les ressources en eau. Chez nous il prive la population et les paysans d’eau, notamment pour l’agriculture, et ensuite il nous revend cette eau en bouteilles ! »
Les Nations unies phagocytées par les multinationales
Venu de Turquie, Adnan a aussi été mandaté par les petits agriculteurs pour venir les représenter à Paris pour la Conférence climat. « Chez nous, Danone achète le lait à prix très bas aux petits producteurs, et il fait voter des lois par le gouvernement pour les empêcher de vendre leurs produits en direct sur le marché », dénonce-t-il. (...)
Étrange balais devant la pyramide du Louvre, ce mercredi 9, à midi. Depuis novembre, l’accès à la cour est limité par des barrières, avec des policiers à chaque ouverture. Mais aujourd’hui le dispositif est renforcé. Une dizaine de fourgons, des policiers demandant d’ouvrir les sacs à l’entrée, et des patrouilles de CRS aux abords.
Malgré l’impressionnant dispositif, une foule anormalement importante se presse à l’entrée de la cour et parvient à passer. (...) Soudain, à 12 h 30, une soixantaine de militants sortent leur parapluie noir et se regroupent, formant les mots : « Fossil Culture » (culture fossile). Devant eux, un large ruban rouge est déposé. Puis ils se mettent à chanter, progressivement repris par environ deux cents personnes venues assister à l’action-performance : « Oil money, out of The Louvre / Move, move, move / Eni, Total : Au revoir / Allez, aller, allez » (Argent du pétrole, sort du Louvre / Bouge, bouge, bouge).
Danse des parapluies
Chris, chef d’orchestre de l’action-performance, en explique les raisons à la foule : « Nous sommes ici parce que Le Louvre est financé par des entreprises pétrolières, Total et Eni. » (...) Le bataillon de parapluies se met en branle et s’organise en file indienne. Cette fois-ci, ils dessinent les mots « Fossil Free Culture » (Culture sans fossile). Les parapluies prennent la direction de la sortie, toujours en chantant. Les policiers ouvrent un passage au cortège au milieu des barrières – l’accès à la cour était complètement bouclé pendant l’action, qui aura duré une vingtaine de minutes, sans aucun heurt. (...)