La Corse étouffe sous la pollution des navires de croisières, toujours plus nombreux chaque année. Les régulations promises par les autorités peinent à être appliquées.
Depuis le début de l’année, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse a comptabilisé 27 000 croisiéristes supplémentaires par rapport à la même période de 2022 (de janvier à mai). Soit un total de 96 000 touristes. (...)
Cette industrie rapporte : chaque croisiériste qui débarque à la journée dépense en moyenne 50 euros sur place, estime une étude de la CCI de 2017. « Pourquoi l’argent de quelque-uns prime sur la santé de tous ? » Voici le slogan exhibé mardi 13 juin devant le Mein Schiff 2 (2 900 passagers) sur l’une des pancartes de la manifestation du collectif Stop Croisières Ajaccio. (...)
Dans le port d’Ajaccio plusieurs paquebots et ferrys peuvent s’amarrer en même temps à proximité de la vieille ville, bouchant ainsi l’horizon sur le golfe et les montagnes qui le surplombe. 200 escales de bateaux de croisières ont déjà eu lieu depuis le 1ᵉʳ janvier. (...)
Des navires déjà condamnés pour pollution (...)
Du côté de la collectivité de Corse, on promet de fixer un modèle insulaire qui ne sélectionnerait que les compagnies désignées comme vertueuses. « Il faut, sans attendre, proscrire les gros bateaux polluants représentant un tourisme prédateur », avait déclaré Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de Corse à l’automne 2022. Mais, huit mois plus tard, aucune mesure contraignante n’a encore été prise.
Contacté par Reporterre, le cabinet de Gilles Simeoni nous a répondu qu’un cycle de travail était en cours (...)
En mars dernier, Gilles Simeoni promettait l’adoption d’une charte de bonnes pratiques des croisières qui aurait une « valeur contraignante qui permettrait de réguler et d’imposer » ses propres règles. Un engagement sans ambition estiment les associations écologistes.
« Une charte n’est pas opposable devant un tribunal. Et les moyens de contrôle, on n’en parle pas. S’il n’y a pas de contrôle de la pollution, ça ne sert à rien, c’est un coup d’épée dans l’eau », juge Dominique Renucci, trésorière de l’association Le Garde. (...)
Les associations écologistes réclament l’usage de drones renifleurs de pollution dans les ports corses, sur le modèle des contrôles réalisés dans le ciel du port de Marseille par les services de l’État. En attendant, la coordination d’associations écologistes Terra, dont fait partie Le Garde, va se doter de son propre appareil de mesure des particules fines. (...)