Accueil > AttentionDanger > Ah ! notre santé > actions-santé > Covid-19 : point par point, des recommandations d’experts pour réduire les (…)
the conversation
Covid-19 : point par point, des recommandations d’experts pour réduire les effets psychologiques négatifs liés au confinement
Catherine Tourette-Turgis est directrice du Master en éducation thérapeutique à Sorbonne Université, chercheuse au Cnam, Sorbonne Université.
vendredi 20 mars 2020
Les mesures de confinement peuvent avoir des effets négatifs sur les équilibres psychologiques des personnes qui y sont confrontées, pendant et après l’épisode. Comment les limiter ? L’autrice de cet article l’explique en s’appuyant sur des études scientifiques récentes. Et propose des remèdes pratiques.
Le 6 mars, les résultats d’une enquête nationale portant sur le degré de détresse psychologique de la population chinoise à la suite de l’épidémie de Covid-19 a été publiée dans la revue spécialisée General Psychiatry. Huit jours plus tard, le prestigieux journal médical The Lancet publiait à son tour une revue de littérature sur les conséquences psychologiques de la quarantaine et les moyens de les atténuer.
Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé lundi 16 mars un durcissement des mesures visant à limiter la propagation du Covid-19 et que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a confirmé la mise en place d’un dispositif inspiré de l’Espagne ou de l’Italie, ces travaux nous fournissent des éléments clés pour mieux cerner les effets délétères de ce type de dispositions, et établir les mesures à prendre pour les circonscrire.
Voici ce qu’il faut en retenir.
– Chine :
pour 35 % des répondants (35,27 % d’hommes et 64,73 % de femmes), le résultat obtenu révèle un stress psychologique modéré, et pour 5,14 %, un stress sévère. L’analyse indique aussi que les femmes présentent un plus haut degré de détresse psychologique que les hommes. On apprend en outre que cette détresse touche davantage les individus âgés de 18 à 30 ans ou ceux de plus de 60 ans. Enfin, les travailleurs migrants constituent le groupe le plus exposé, alors que le score de détresse psychologique est, sans grande surprise, le plus élevé dans les épicentres de l’épidémie.
En conséquence, les auteurs de l’étude suggèrent les recommandations suivantes :
• prêter une attention aux besoins spécifiques des groupes vulnérables comme les jeunes de 18 à 30 ans, les personnes âgées et les travailleurs migrants ;
• mettre en place des services de soutien et d’accompagnement tels que ceux mis en place dans les situations de désastres majeurs ;
• déployer des interventions ciblées pour réduire le stress psychologique et prévenir les problèmes de santé mentale ultérieurs.
Identifier les facteurs de stress pendant et après le confinement
Les éditeurs de la revue The Lancet se sont quant à eux penchés sur les conséquences psychologiques du confinement et les mesures à mettre en œuvre pour en réduire les effets négatifs. La note de synthèse a été rédigée à partir de 3.166 articles publiés et expertisés par des comités scientifiques. 24 études présentant une solidité scientifique ont été retenues. Elles concernent 10 pays et incluent pour l’essentiel les virus du Sras (11), Ebola (5) et de la grippe A (H1N1) (3).
L’analyse documentée des résultats de ces études indique que la durée de confinement elle-même est un facteur de stress : une durée supérieure à 10 jours est prédictive de symptômes post-traumatiques, de comportements d’évitement et de colère. Les auteurs ont aussi identifié les facteurs de stress suivants durant la période de confinement :
• les symptômes physiques : ils amplifient la peur de l’infection et l’inquiétude (y compris plusieurs mois après l’épisode) ;
• la peur, pour les femmes enceintes, à la fois d’être infectées et de transmettre le virus à leur futur enfant ;
• la peur, pour les mères ayant de jeunes enfants, d’être infectées ou de transmettre le virus ;
• l’ennui, la frustration et le sentiment d’isolement causé par le confinement et par la réduction des contacts physiques et sociaux ;
• les lacunes dans la distribution des biens de première nécessité ;
• l’inadéquation de l’information transmise par les autorités de santé publique concernant les bonnes pratiques, et la confusion sur l’objectif du confinement ;
• l’absence de clarté sur les niveaux de risque ;
• l’absence de transparence sur la sévérité de la pandémie ;
• l’absence de protocoles et de guides de conduite clairs.
Le stress ne s’arrête pas après la fin du confinement. En effet, ces études permettent également de lister un certain nombre de facteurs de stress qui continuent à faire leur œuvre une fois la situation revenue à la « normale » : (...)
Durant le confinement, il est important de réduire l’ennui et le sentiment d’isolement social. Plusieurs solutions sont envisageables : (...)
si l’expérience du confinement est vécue comme négative, les conséquences affecteront non seulement les individus qui le subissent, mais aussi le système de santé qui l’organise et les politiques publiques qui le prescrivent. (...)
Le CDC d’Atlanta a produit plusieurs fiches et mini-guides (en anglais) à l’intention des adultes, des familles et des enfants eux-mêmes. (...)
Voir en ligne : Lire le texte intégral de l’article