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Libération
Contrôles au faciès : « On espérait que l’Etat ne tombe pas aussi bas »
Article mis en ligne le 16 octobre 2015

Malgré une condamnation en juin pour des contrôles policiers abusifs, le gouvernement et Manuel Valls ont décidé de se pourvoir en cassation. Ce qui déclenche une « grosse colère » chez Sihame Assbague.

A quelques semaines du dixième anniversaire des révoltes urbaines de 2005, la décision gêne. Le gouvernement a décidé, mardi, de contester la décision de la cour d’appel de Paris de condamner l’Etat pour « faute lourde » dans cinq dossiers de contrôles policiers discriminatoires. C’est Manuel Valls, le Premier ministre, qui a tranché, en dépit de l’avis contraire de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, rapporte le Monde. En juin, Sihame Assbague, la porte-parole du collectif Stop les contrôles au faciès saluait la « décision géniale » de la cour d’appel. Trois mois plus tard, elle déchante.
Comment avez-vous réagi à l’annonce du pourvoi en cassation de l’Etat ?

On espérait que l’Etat ne tomberait pas aussi bas, mais on avait gardé l’option en tête. La décision du mois de juin marquait une ouverture, une brèche dans le droit, et la reconnaissance de l’injustice que connaissent des millions de Français. Voir que Manuel Valls a poussé pour aller en cassation, ça suscite une grosse colère. Mais en même temps, c’est dans la droite ligne de ses récentes déclarations sur le sujet. Mercredi, après la manifestation des policiers, il expliquait que la police et la justice sont les deux faces du même talisman, celui de l’Etat de droit. On se demande bien où est l’Etat de droit quand des citoyens victimes de discriminations ne peuvent même pas obtenir justice tranquillement. (...)

La ministre de la Justice ne peut pas se faire entendre. Il y a une dérive droitière au sein du gouvernement. Valls est clairement du côté des policiers et des syndicats les plus réfractaires à l’idée de lutter contre les discriminations. La France serait sortie grandie si elle avait décidé de prendre acte de la décision de la cour d’appel de Paris et agi en conséquence pour lutter contre les contrôles au faciès. On va évidemment aller faire entendre nos arguments en cassation. Mais il serait dommage qu’encore une fois, ce soit la Cour européenne des droits de l’homme qui condamne la France sur ce dossier. Il serait bon de se regarder dans le miroir et de répondre aux problèmes en amont. (...)

C’est parce que rien n’a changé que nous appelons à une marche pour la dignité, le 31 octobre, entre Barbès et Bastille.