
Lors de sa première mission à bord de l’Ocean Viking, la photographe et vidéaste professionnelle Camille Martin Juan a documenté les six sauvetages au cours desquels 234 personnes en détresse ont été secourues entre le 22 et le 26 octobre. Elles étaient à bord de six embarcations différentes, en bois ou en caoutchouc, surpeuplées, et impropres à la navigation. Face à un blocage sans précédent avant l’attribution d’un lieu sûr, les personnes rescapées et les membres des équipes ont vécu ensemble, en mer, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, pendant trois semaines, jusqu’au débarquement.
« Mardi 8 novembre, 13h45, devant le refuge (shelter) pour femmes. C’est l’endroit où les femmes et les enfants secouru.e.s par l’Ocean Viking dorment, mangent, socialisent et se réfugient en attendant un port sûr pour débarquer. Parfois, certaines de ces personnes s’assoient sur le pas de la porte, parlent, se tressent les cheveux et regardent le temps passer. Mais aujourd’hui, comme beaucoup d’autres jours, personne n’est là, et le temps semble se figer. Contrairement aux enfants, beaucoup de femmes ne sont jamais sorties du shelter. Aujourd’hui encore, 18 jours après le premier sauvetage. Leur absence est plus forte que tous les mots, que toutes les images, pour parler de leur état d’esprit et de tout ce qu’elles ont vécu avant leur sauvetage.
Mais le temps n’est pas immobile, les mouvements du navire et le vent dans la bâche bleue nous rappellent qu’il est en réalité très lent. Soudain, un enfant qui passe nous rappelle que la vie est toujours là, quoi qu’il advienne. (...)