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Chute d’une icône populaire
(À propos du cas Onfray)
Article mis en ligne le 4 novembre 2010
dernière modification le 2 novembre 2010

Le mal ne vient pas que d’un seul côté, ce serait trop facile, il surgit aussi des horizons les plus improbables. Il contamine tous les espaces de « haut » en « bas ». À mesure que notre société sera de moins en moins tenue par une « colonne vertébrale » morale, chacun devra être de plus en plus vigilant.

Dans une période historique où la médiocrité « décomplexée » a atteint le sommet des pouvoirs, tout le monde s’y met. Il suffit d’avoir acquis un minimum de notoriété pour se croire autorisé à exprimer ce qu’il y a de pire (et de moins élaboré) au fond de soi, sans aucune pudeur. Pourquoi se gêner ? Onfray s’est fait connaître avec un travail honorable de « vulgarisation » philosophique qui a suscité beaucoup d’espoirs et même d’enthousiasme chez ceux qui aspirent à une démocratie réelle dans le savoir - et qui resteront une fois de plus sur leur faim, à moins d’être entraînés dans cette folie idiote et destructrice. Onfray, qui est depuis longtemps très avide de reconnaissance, n’a pas tenu le choc de la reconnaissance.

Comme un ancien pauvre devenu soudain milliardaire, il a craqué.
Le petit philosophe sympathique si près du peuple et aimé de lui s’est cru capable d’affronter les grands en pensant que l’époque le lui permettait. Et il s’est fracassé. Espérons en tout cas pour notre santé morale à tous que sa crédibilité sera durablement abîmée aux yeux de nombreux lecteurs. (...)

Il faut être intellectuellement très solidement charpenté pour résister aux sirènes de la facilité et de l’apparence. Certains le font et d’ailleurs on les entend très peu dans les médias… (...)

Freud (et surtout l’immense travail qu’il a accompli) peut en effet sembler aujourd’hui affaibli aux yeux du plus grand nombre, tant sa pensée est depuis des lustres très lourdement attaquée par les tenants de la réification rampante, de la marchandisation insidieuse, de l’évaluation quantitative, et finalement de la robotisation de l’Homme. Tout ce qui peut nous éloigner d’une réflexion profonde sur la façon dont l’être humain se construit est utile aux armées néolibérales, aux forces du « marché » et du chiffre. Cette machine de destruction en pleine action en France et dans toute l’Europe qui est en train, dans le fonctionnement de l’hôpital, dans les pratiques du soin psychique, dans la justice, dans la culture, de laminer tout ce qui relève de l’échange, de l’émotion, de la relation humaine, de l’attention portée aux symboles. (...)

Quoi qu’il en soit, qu’il le sache ou qu’il l’ignore, Onfray est devenu un allié objectif des forces destructrices dont il se voulait l’adversaire.
L’époque (comme un rappel, atténué mais plus profondément dangereux, des pires moments de ce pays) est fertile aux confusions tragiques.(...)