
L’explosion du chômage est désormais un fait incontestable. Le dernier baromètre de l’intérim, publié par Prisme (Baromètre Prisme Emploi National_Janvier 2013), indique que de janvier 2012 à janvier 2013, les effectifs de l’intérim ont baissé de 16,2%, l’effondrement étant particulièrement significatif dans le Bâtiment et Travaux Publics (BTP) avec une baisse de 23% et dans l’industrie avec 19,1%. On constate d’ailleurs que cet effondrement est proportionnellement plus important chez les cadres (16,5%) et chez les ouvriers qualifiés (17,9%). La vielle rengaine selon laquelle le chômage toucherait essentiellement les ouvriers non-qualifiés, et traduirait ainsi un défaut de qualification lié au système d’enseignement et de formation est ainsi battue en brèche.
(...) Que se passerait-il si la consommation des ménages devait baisser de 4% à 5% ? Compte tenu des contraintes que s’est fixé de lui-même le gouvernement, ce n’est pas dans la consommation publique qu’il faudra attendre un soutien à l’économie. Par ailleurs, la baisse de la consommation entraîne la baisse de la production, qui elle-même entraîne une baisse de l’investissement.
La relation entre la croissance du PIB et celle de la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est bien établie. En fait, rien de plus logique : les entreprises confrontées à des carnets de commandes peu remplis n’investissent pas, ou peu. Cela signifie qu’elles ne se modernisent pas non plus car pour se moderniser, pour faire progresser l’appareil productif, il faut renouveler le parc de machine et donc faire un pari sur les capacités d’absorption du marché. On comprend pourquoi, dès que le marché se réduit non pas seulement de manière relative mais de manière absolue, le pari sur le futur devient, ou est perçu, comme de plus en plus dangereux. (...)
C’est en grande partie la raison pour laquelle l’investissement s’est littéralement effondré dans les pays soumis à une austérité draconienne qui a entraîné un fort repli de la production, comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne. On doit donc craindre qu’un tel mécanisme ne se mette en place en France, s’il ne s’est pas déjà mis en place, car la stagnation de l’économie dure depuis près d’un an. (...)
Si ce scénario « noir » est celui qui se dévoilera dans les prochains mois, cela implique que l’accroissement du chômage sera supérieur à 40 000 personnes sans emploi par mois. Il faudrait donc s’attendre à plus de 480 000 chômeurs sur l’année 2013, soit à une hausse de plus de 700 000 depuis juin 2012. La progression du nombre des chômeurs sur l’année 2014 serait probablement aussi rapide, voire peut-être plus rapide avec une hausse du chômage qui serait comprise entre 500 000 et 700 000. Il n’est donc pas impossible que la France achève l’année 2014 avec un nombre de chômeurs, sur le territoire métropolitain compris entre 3,9 et 4,1 millions soit représentant plus de 13% de la population active (au sens BIT ou DARES catégorie A). Des phénomènes d’irréversibilité qui caractérisent un chômage de masse commenceraient à se manifester. (...)
les conséquences d’une telle situation pourraient bien dépasser les tensions et mouvements politiques et sociaux. Avec un chômage autour de 4 millions, et un appareil productif dévasté, il deviendra très difficile de réamorcer un mouvement de croissance ultérieur. La France peut soit connaître une longue période avec un taux de chômage très élevé, soit même s’enfoncer toujours plus dans la récession puis la dépression. En fait, les conséquences d’une telle situation apparaissent tellement catastrophiques qu’il est difficile de faire des prévisions raisonnables. (...)
On dira que ceci ne tient pas compte du contexte extérieur, et que la croissance américaine voir chinoise pourrait nous tirer d’affaire. Mais le contexte international est bien plus détérioré qu’on ne le croit (Zone Euro : pourquoi le potentiel de croissance est-il faible dans le reste du monde ? ). La véritable solution réside plutôt dans une rupture avec le « pacte de chômage » passé par l’Europe et mis en scène avec le TSCG et l’Euro.