Le retour attendu des hautes températures va mettre au défi l’incessant besoin de refroidissement par l’eau des réacteurs nucléaires. EDF assure être prêt, mais plusieurs centrales sont déjà sous haute surveillance.
Alors que le mercure s’apprête à grimper dans les prochains jours, six centrales nucléaires sont particulièrement sous surveillance, a indiqué EDF mardi 6 juillet lors d’une conférence de presse : Golfech (Tarn-et-Garonne), Le Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Saint-Alban (Isère), Tricastin (Drôme) et Chooz (Ardennes). En juin, Saint-Alban tournait déjà au ralenti à cause de l’élévation de la température de l’eau du Rhône. Le parc est néanmoins « prêt et résilient » pour faire face à la situation, a assuré le groupe.
Pourquoi les réacteurs nucléaires sont-ils si sensibles à la sécheresse et aux fortes chaleurs ? La faute à leur soif inextinguible. Ces installations doivent être refroidies en permanence pour pouvoir fonctionner en toute sûreté. Elles ont donc été construites en bord de mer ou aux abords de fleuves ou de rivières, où elles puisent d’importantes quantités d’eau qu’elles rejettent soit directement, en totalité et très chaudes (dans le cas d’un refroidissement en circuit ouvert), soit après évaporation partielle et abaissement de la température dans des tours aéroréfrigérantes (en circuit fermé).
« La très grande partie de l’eau est restituée immédiatement »
Les prélèvements sont de l’ordre de cinquante mètres cubes par seconde pour un circuit ouvert et de deux mètres cubes par seconde pour un fermé. « L’énergie représente une part importante du prélèvement en eau en France, mais la très grande partie de l’eau est restituée immédiatement et au même endroit, relativise Cécile Laugier, directrice Prospective et environnement de la direction production nucléaire d’EDF. Et elle ne représente que 22 % de la consommation, et seulement 9 % pendant la période critique de l’été. »
Si le groupe est parfois contraint de modérer la puissance de ses réacteurs voire de les arrêter, ce n’est pas par manque d’eau mais par respect de normes environnementales, indique-t-elle aussi. Car en rejetant de l’eau plus chaude dans les cours d’eau, les centrales contribuent à l’augmentation de leur température. (...)
Concrètement, si la température du cours d’eau frôle ou dépasse la température limite mais que le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE insiste par écrit sur l’importance de produire de l’électricité, la centrale peut bénéficier d’un assouplissement. (...)
Par ailleurs, EDF indique avoir adapté ses réacteurs pour qu’ils résistent au mieux aux fortes chaleurs. « Le danger est qu’il fasse trop chaud dans certaines pièces et que cela provoque la défaillance de certaines pièces, par exemple de pompes, explique Hervé Cordier, chef de groupe à la direction de l’Ingénierie et projets nouveau nucléaire. Pour pallier ce risque, nous avons ajouté des groupes froids à certains endroits de certaines centrales et augmenté la taille de certains échangeurs de chaleur pour assurer des températures plus basses dans les locaux. » Ces travaux ont été intégrés dans le paquet du « grand carénage », un programme de rénovation et de modernisation des centrales engagé en 2014 et qui doit se poursuivre jusqu’en 2025.
(...) Un discours rassurant qui ne fait pas l’unanimité
Pour l’heure, les conséquences des canicules restent limitées, assure EDF. (...)
Dans son rapport Futurs 2050 paru fin 2021, RTE alertait sur les risques que des vagues de chaleur de plus en plus longues et intenses vont faire peser sur le parc nucléaire (...)