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Ce que tout le monde pouvait (au moins) savoir : Cahuzac n’était pas de gauche !
Article mis en ligne le 7 avril 2013

La tornade blanche de la transparence est partie dans une furie rétrospective. Hollande, Ayrault, Moscovoci, Valls : qui savait quoi depuis quand sur le compte en Suisse, la voix enregistrée, les mensonges de Jérôme Cahuzac ? Comment ont-ils pu se faire avoir par ce monstre d’immoralité longtemps adulé comme la perfection de l’homme-politique-moderne-qu’il-nous-faut-pour-réformer-enfin-ce-pays-avachi ?

Comme dans La Lettre volée d’Edgar Poe, l’essentiel était pourtant depuis le début bien posé en évidence, sur la table, au milieu de la pièce, au vu et au su de tous et en particulier de ses « camarades » du Parti socialiste : Cahuzac n’avait rien à faire parmi eux. Tout simplement parce qu’il n’était pas de gauche !

S’ils ne pouvaient pas prévoir que se cachait derrière ce personnage un délinquant fiscal doublé d’un menteur, ils pouvaient tout à fait savoir que c’était un cynique qui aimait l’argent. Le vrai problème n’est pas ce qu’il dissimulait mais ce qu’il montrait. Et qui ne gênait pas du tout... Là est l’origine des ennuis actuels de la gauche : à tolérer dans ses rangs des cyniques qui aiment l’argent on finit par trébucher sur une affaire Cahuzac... (...)

Faire fortune en monnayant auprès des trusts du médicament de l’influence et des contacts acquis au service de l’Etat et de l’intérêt général n’aurait pas dû être accepté. Or il faisait ses affaires au su de tous avec la société qu’il avait créée, ni sous un faux nom ni en Suisse, mais en France : « Cahuzac Conseil ». La chose était d’autant plus connue au sein du PS qu’il s’était vanté auprès de camarades des sommes qu’il en tirait et que ses opposants dans le Lot-et-Garonne en avaient fait un argument de campagne contre lui.

Il faudra s’interroger sur cette anomalie : pourquoi une situation exploitée comme « immorale » par la droite ne faisait pas ciller dans un parti de gauche ? (...)

Il est vrai qu’à la même époque l’exemple venait de haut puisque Henri Nallet, ancien Garde des Sceaux socialiste, émargeait comme « conseiller pour les affaires internationales et communautaires » des Laboratoires Servier auxquels il offrait son ample connaissance, les contacts noués dans le vaste monde en tant que secrétaire du Parti socialiste aux affaires internationales…

Personne non plus ne s’est offusqué de voir Jérôme Cahuzac devenu ministre des impôts et de la lutte contre la fraude fiscale prendre comme conseillère l’une des flèches de l’officine de com’ RSCG dont la dernière mission fut d’assister la milliardaire délinquante fiscale Liliane Bettencourt. Cette proximité avec ce monde de la com’ qui avait fait de DSK son poulain lui avait déjà permis de ravir la présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée que quittait l’austère et incorruptible Didier Migaud, et cela contre le candidat que ce dernier avait proposé.

Cette tolérance au fric et au cynisme ne pouvait que fortifier chez Cahuzac un sentiment d’impunité.

Voilà l’anomalie originelle de cette affaire, ce qui cloche depuis longtemps au PS : pouvoir y accueillir en même temps un Jérôme Cahuzac et un Gérard Filoche, dont l’émouvante colère, face aux aveux de son ex-camarade, ne cesse de tourner sur le Net comme le symbole du dégoût de tant de gens qui espèrent encore de la gauche.