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Cancers multiples, maladies rares, diabète chez les enfants... : que se passe-t-il dans le Golfe de Fos ?
Article mis en ligne le 19 novembre 2017

Samedi investigation" s’intéresse le 18 novembre à la santé des habitants de Fos-sur-Mer, de Port-Saint-Louis-du-Rhône ou encore de Port-de-Bouc dans le Golfe de Fos. Ce secteur extrêmement industrialisé fait partie du grand port maritime de Marseille. Le taux de cancer y est deux fois plus élevé qu’ailleurs en France et les cas de diabète et d’asthme se multiplient. Pourquoi les habitants de cette zone en particulier déclarent-ils autant de maladies ? franceinfo a enquêté.

Cancers multiples et maladies auto-immunes

Comment ne pas être frappé par cette famille où la mère a eu deux cancers et le père est mort d’une maladie cardiaque ? Comment ne pas écarquiller les yeux dans cette rue de Fos où l’on a dénombré jusqu’à neuf personnes souffrant de sclérose en plaques ? Comment ne pas être étonné quand Sylvie se définit elle-même comme "un nid à cancer". Cette femme de 54 ans a commencé à être malade dès l’âge de 38 ans, et ça ne s’est jamais arrêté depuis. "J’ai commencé par avoir une maladie cardio-vasculaires. J’ai enchaîné sur un cancer de l’ovaire. Ensuite, j’ai développé un diabète. S’en est suivi un cancer de la thyroïde et là j’ai un cancer du sein", énumère-t-elle (...)

Forte présomption de lien avec la pollution de l’air

Dans l’air que ces gens respirent, on trouve beaucoup de fumées, parce qu’il y a beaucoup d’usines. L’ouest de l’étang de Berre est l’une des plus grandes zones industrielles d’Europe. Près de 200 entreprises, représentant 40 000 emplois, y sont installées. Et on parle là d’industrie lourde : raffineries, dépôts pétroliers, métallurgie, sidérurgie. Donc forcément il y a les rejets qui vont avec : métaux lourds, dioxyde d’azote, particules ferreuses, etc.

Le lien entre ces substances et les maladies des habitants, a fait l’objet de nombreuses études dans le passé. (...)
Des particules hors des radars de contrôle

Des mesures et des analyses de l’air sont pourtant réalisées dans la région du Golfe de Fos par Air Paca, organisme financé par l’Etat, les collectivités locales et les industriels. Mais le problème c’est que ces relevés ne détectent rien d’anormal la majeure partie du temps. Du coup, des scientifiques du coin et certains habitants aussi ont créé un institut éco citoyen en 2010. Parce qu’ils n’avaient pas confiance dans les données officielles, ils ont lancé leurs propres campagnes de mesures de la qualité de l’air. Et les résultats ont été stupéfiants, explique le chimiste Philippe Chamaret, qui dirige cet institut. "La première campagne de mesure de la composition de l’air a montré que l’air était composé à 80 % de particules ultrafines, et d’autre part que la composition chimique des polluants de l’air à Fos-Sur-Mer était extrêmement complexe", révèle le chimiste.

Ces particules ultra-fines dans l’air se révèlent particulièrement dangereuses pour la santé des habitants, car plus une particule est fine, plus elle pénètre à l’intérieur de notre organisme.(...)

les habitants ont-ils conscience que la pollution de l’air est sous-estimée ? Difficile de le savoir. Ce qui est palpable en revanche, c’est la mansuétude de nombreux habitants du Golfe de Fos envers les industriels. Dans toutes les familles, il y a un parent plus ou moins proche qui travaille à l’usine, entraînant comme une forme de déni, selon Gérard Casanova, qui préside l’association de défense de l’environnement Au fil du Rhône. (...)

Le résultat c’est qu’aucun malade n’envisage de lancer une action en justice contre les industriels, contrairement à ce qu’on a vu avec le glyphosate ou l’amiante. Dans le Golfe de Fos, il y a une forme de résignation et de fatalisme, pour l’instant du moins.