
Une nouvelle rixe a éclaté lundi soir à Calais entre une centaine de migrants qui tentent désespérément de rejoindre l’Angleterre. Alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à fuir leur pays d’origine, les expulsions de camps accentuent le stress et les tensions.
Pour la docteure Martine Devries, référente médicale de Médecins du monde à Calais, la situation est grave : « Depuis dix ans, les conditions sont indignes, mais là c’est pire que jamais. Plusieurs centaines de personnes vivent dans plusieurs camps dans les dunes. Ces personnes n’ont pas d’hébergement, voire pas d’abri et n’ont qu’un seul repas par jour. Ce sont principalement des hommes, mais il y a aussi des jeunes femmes, dont certaines sont enceintes, et des enfants en bas âge. Il y a un réel problème de santé publique. Dans les dunes, il n’y a pas d’eau. Le seul point d’eau était une bouche à incendie, mais elle a été coupée mercredi dernier. Les gens n’ont rien à boire. Ils transportent des bouteilles et des jerricans d’eau et se lavent dans les eaux rejetées par l’usine Tioxide, qui est classée « Seveso ».
Plusieurs associations demandent l’ouverture d’un véritable camp de réfugiés où les migrants seraient pris en charge par les autorités compétentes (...)
Les associations et la préfecture s’accordent au moins sur un point : il y a une augmentation significative du nombre de migrants à Calais. 1 200 à 1 300 migrants, venus principalement de l’est de l’Afrique, d’Afghanistan, de Syrie et de Libye, se trouveraient actuellement dans la cité portuaire. « L’année dernière, à la même époque, on distribuait 220 repas par jour. Vendredi dernier, nous en avons distribué 800 », constate Christian Salomé.
Révolutions arabes, guerres au Soudan, en Syrie, en Irak, en Palestine... « Beaucoup de gens sont « soufflés » vers l’Europe à cause des guerres », explique Maël Galisson, coordinateur de la Plateforme de services aux migrants (PSM) (...)
L’un des principaux moyens pour passer en Angleterre est de se cacher dans les camions qui transitent par le port de Calais. « Il n’y a pas de place pour tout le monde, explique Christian Salomé. On se bat pour avoir sa place, d’autant qu’on ne sait pas si on pourra rester un jour de plus en France. »
Dans la région de Calais, les autorités françaises expulsent inlassablement les camps de fortune installés par les migrants. Le campement de l’usine Tioxide fait lui aussi l’objet d’une décision de justice ordonnant son évacuation, tout comme le plus grand camp de migrants de la ville, établi depuis le 12 juillet sur un ancien site de recyclage de métaux.
Pour Maël Galisson, « les évacuations à dates rapprochées attisent les tensions ». Informés d’une expulsion, et donc de la destruction des quelques couvertures et vêtements qui leur permettent de survivre, les migrants seraient ainsi poussés à tenter le passage coûte que coûte. (...)
Christian Salomé le confirme : « Ils n’ont plus rien à perdre. Avant, ils attendaient la nuit pour ne pas être vus, maintenant ils le font en plein jour. Ce matin, à Calais, on a vu des migrants essayer devant les CRS, devant la police… Vraiment, ils sont désespérés. »
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