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Savoir animal
Cadavres en élevages : un lanceur d’alerte témoigne
#elevageindustriel #maltraitance #rentabilite
Article mis en ligne le 12 avril 2023
dernière modification le 11 avril 2023

Dans une nouvelle vidéo, L214 relaie le témoignage et les images filmées par Jérôme, un lanceur d’alerte choqué par son expérience de ramassage des cadavres en élevages. Cet agent de collecte était chargé de faire la « tournée » quotidienne des élevages aux alentours de Saint-Brieuc afin de ramasser les poubelles remplies des cadavres d’animaux n’ayant pas survécu aux conditions de vie dans ces systèmes majoritairement intensifs. Une facette peu connue de l’élevage qui concerne pourtant plus de 40 millions d’animaux chaque année.

Témoignage d’un agent de collecte des services d’équarrissage des Côtes-d’Armor

« Avant de commencer ce métier, je ne me doutais pas du tout du nombre d’animaux qui mourraient dans cette industrie ». Sur les images filmées par le lanceur d’alerte en mai et juin 2022, on voit des bennes remplies de cadavres, parfois en putréfaction, entièrement recouverts d’asticots. Des bacs remplis à ras bord d’oiseaux, de lapins ou de porcelets sont renversés dans le camion-benne qui sera ensuite vidé dans un centre de collecte.

Parfois, des animaux vivants sont mis à la poubelle avec les cadavres de leurs congénères, bien que cela soit interdit (les services d’équarrissage n’ont pas le droit de ramasser des animaux vivants). Sur les images, on voit un porcelet encore vivant s’agiter au milieu des cadavres : averti par Jérôme, l’éleveur l’emporte pour s’en « débarrasser ».
Dans un autre élevage, des oisillons vivants piaillent dans le bac plein de cadavres et Jérôme le signale : « à ce moment-là, j’ai prévenu quelqu’un qui n’avait pas l’air habitué à achever des oisillons et qui a passé de longues minutes à essayer de leur tordre le cou et de les claquer contre la benne ». (...)

Surpris et écoeuré par le nombre d’animaux morts en élevages, le lanceur d’alerte raconte aussi la pénibilité de ce métier. Confrontés chaque jour à la vision de ces cadavres et surtout aux odeurs pestilentielles, les ramasseurs de cadavres sont en plus exposés au danger et à la saleté. Certaines truies ou vaches, mortes depuis longtemps, peuvent « exploser » à cause des gaz accumulés dans les corps (...)

Plus de 40 millions d’animaux meurent dans les élevages chaque année en France

En 2021, 447 759 tonnes d’animaux morts en élevage ont été ramassées en France, soit environ :

  • 36 millions de poulets1 (hors grippe aviaire)
  • 6,5 millions de cochons2
  • 1,4 million de canards3
  • 250 000 bovins4
  • 320 000 caprins5

Cette facette de l’élevage est peu connue mais elle fait partie intégrante du modèle économique des élevages, en particulier des élevages intensifs. Dans ces derniers, les animaux sont entassés à des densités très importantes, sans accès à l’extérieur, dans des conditions qui ne répondent pas à leurs besoins comportementaux et physiologiques et où les blessures et maladies sont monnaie courante. (...)

Cette croissance ultrarapide engendre des malformations et des problèmes cardiaques et pulmonaires, qui font grimper le taux de mortalité (...)

Ces taux de mortalité importants sont également dus aux mises à mort routinières de jeunes animaux lorsqu’ils sont trop chétifs, malades ou en surnombre : dans les élevages de cochons, les porcelets sont « claqués » (frappés contre le sol ou contre un mur) ; même pratique dans les élevages de lapins, où 8 lapereaux sur 100 sont tués dès la naissance. (...)

Finalement, on parle de poulets ou de cochons comme on parlerait de chaussures : certains n’arriveront pas au bout de la ligne de production, et bien tant pis, c’est quand même rentable !