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Reporterre
COP26 : vers une décision inédite d’abandon des énergies fossiles
Article mis en ligne le 11 novembre 2021
dernière modification le 10 novembre 2021

À la COP26, les négociateurs pourraient prendre une décision inédite : celle d’intégrer la fin des énergies fossiles dans un texte de l’ONU sur le climat. C’est en tout cas ce que prévoit le brouillon d’accord qui a été révélé, tôt, ce mercredi 10 novembre.

Encore non définitif, le document révélé ce mercredi 10 novembre donne une idée de l’avancée des négociations et des décisions qui pourraient être adoptées au terme de la COP26. Celui-ci évoque, explicitement, l’élimination progressive du charbon et des combustibles fossiles, bien qu’aucune date précise ne soit mentionnée. Ce serait une première reconnaissance, dans un texte onusien sur le climat, du rôle central des combustibles fossiles dans la crise climatique.

« C’est un très bon signe, se réjouit Clément Sénéchal, porte-parole climat à Greenpeace, interviewé par Reporterre. Maintenant, il faut que les négociateurs tiennent bon face aux pays pétroliers comme l’Arabie saoudite, la Russie ou l’Australie, qui vont pousser pour que cette mention disparaisse. »

Autre point important : le brouillon d’accord se range à l’avis du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), selon lequel la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 °C d’ici 2100 nécessiterait une action « significative et efficace » de la part de tous les pays au cours de la « décennie critique », afin de réduire de 45 % les émissions mondiales d’ici 2030 et d’atteindre un objectif de zéro émission nette « vers le milieu du siècle ». Mais le texte observe avec « une sérieuse inquiétude » que les engagements actuels des États vont au contraire augmenter les émissions de 13,7 % d’ici 2030. (...)

Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International : Les négociateurs ne devraient même pas penser à quitter cette ville avant d’avoir conclu un accord qui réponde, dès à présent, aux besoins actuels. Nous venons d’apprendre que nous nous dirigions vers un réchauffement de 2,4 °C [1] : on ne peut plus tout remettre à l’année prochaine. »

Les pays en développement — les plus vulnérables au changement climatique — ont très mal accueilli la publication de ce texte. En effet, alors que les pays développés n’ont pas honoré leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an (86 milliards d’euros) dès 2020 pour les aider à faire face au dérèglement climatique, le texte acte simplement le fait que cette somme sera probablement atteinte d’ici 2023, et encourage les pays développés à mobiliser des fonds plus rapidement. « Il n’y a aucune incitation à ce que les États accélèrent le tempo. 2023 est devenue une échéance par défaut », précise Fanny Petitbon, de l’ONG Care. (...)

Un texte définitif attendu ces prochains jours

« Le rendez-vous manqué pour la promesse de 100 milliards de dollars n’est même pas reconnu, alors que c’était une demande essentielle des pays vulnérables », s’est indigné en conférence de presse Mohamed Adow, directeur du groupe de réflexion sur le climat Power Shift Africa. Les pays vulnérables veulent des engagements chiffrés (...)

« Le soutien aux pertes et dommages ne peut être laissé au hasard des actes de charité, a réagi Tracy Carty, chef de la délégation d’Oxfam à la COP26. Nous avons besoin d’un système de financement solide et de nouvelles sources de soutien pour les pays souffrant de pertes et de dommages. » (...)

D’ici sa publication sous sa forme finale, espérée ce week-end, le texte fera probablement l’objet de plusieurs révisions. Son adoption nécessite un consensus de tous les États, loin d’être évident à obtenir. (...)