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COP 15 : accord a minima sur les ressources génétiques
#COP15 #biodiversite #genetique
Article mis en ligne le 25 décembre 2022

In extremis, la COP 15 propose un mécanisme multilatéral de partage des avantages découlant de l’utilisation de l’information de séquençage numérique sur les ressources génétiques, ainsi que la mise en place d’un fonds mondial.

Reportée à plusieurs reprises en raison de la Covid, la Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) [1] des Nations unies s’est tenue, du 7 au 19 décembre, à Montréal, sur fond de crise climatique et de chute de la biodiversité. Cette réunion des 196 Parties de la CDB [2], présidée par la Chine, prévoit l’adoption d’un nouveau « cadre stratégique mondial » pour la biodiversité [3].
Afficher des objectifs ambitieux

Ce nouveau cadre mondial pour la biodiversité comprend quatre objectifs globaux, quantifiés et mesurables, ainsi qu’un mécanisme de suivi et d’évaluation de leur mise en œuvre : la réduction des menaces à la biodiversité, la conservation et l’utilisation durable des ressources, l’accès et le partage des avantages issus des ressources génétiques des organismes et les moyens de mise en œuvre du cadre mondial. Ces objectifs, qui doivent être atteints d’ici 2030, sont liés à des enjeux forts, comme l’observe Odile Conchou, conseillère « Biodiversité et finance » à l’Agence française de développement (AFD) : « Ce nouveau Cadre mondial pour la biodiversité est en discussion depuis trois ans. C’est un accord politique très important, l’équivalent pour la biodiversité de l’Accord de Paris sur le climat. Les attentes placées dans cette COP15 pour parvenir à cet accord sont donc élevées ».

Quelle est la probabilité que ces objectifs soient réellement et enfin atteints ? Et quels moyens efficaces seront vraiment mis en œuvre ?

Le protocole de Nagoya : égarement ou mépris ?

La solution à la question de l’« accès et [du] partage des avantages issus des ressources génétiques », notamment du séquençage numérique des ressources génétiques, joue régulièrement l’arlésienne. La Déclaration de Kunming [4], issue de la première partie de la COP15 tenue les 12 et 13 octobre 2021 en Chine, présente pourtant 17 engagements à ce propos (...)

Si des intentions sont bien formulées, leur mise en œuvre se fait attendre. Les informations de séquences numérisées (ou DSI pour Digital Sequence Information) sont, contrairement aux ressources génétiques dites « physiques » (par exemple des espèces végétales issues principalement des pays du Sud), déposées dans des banques de gènes généralement en libre accès. L’industrie des pays du Nord n’a, dès lors, plus besoin d’accéder à ces ressources génétiques physiques in situ, c’est-à-dire sur les lieux sources de biodiversité. Or, les règles posées par le protocole de Nagoya s’appliquent dès qu’il y a « utilisation » de la ressource génétique, y compris en recherche et développement (R&D). L’industrie, et avec elle certains États, affirme que le séquençage des ressources génétiques physiques est une simple phase préalable à la R&D et qu’elles ne devraient pas entrer dans le champ d’application du protocole. Ce qui lui permettrait, en outre, un dépôt légitime de demandes de brevets. Le désaccord est majeur.

La controverse fait place au compromis

Comme l’affirme Catherine Aubertin, économiste de l’environnement, avant l’issue du sommet de Montréal : « L’état des discussions sur la question du séquençage génétique est navrant… […] On se retrouve dans une situation absurde avec un bras de fer sur un sujet extrêmement technique [les DSI], alors que le fond de l’histoire, c’est qu’il faut conserver la biodiversité et en faire un usage durable » [6].

Mais alors que les diverses options proposées par certains pays semblaient, en effet, pas ou peu compatibles, les négociateurs du groupe de travail « Information de séquençage numérique sur les ressources génétiques » se sont finalement accordés sur un « Projet de décision » [7]. Ce document propose, dans son point 16, d’établir « un mécanisme multilatéral de partage des avantages découlant de l’utilisation de l’information de séquençage numérique sur les ressources génétiques, y compris un fonds mondial ». Ce qui reflète en fait la position initiale de l’UE, se veut être un compromis juxtaposant les revendications « Nord » et « Sud » (...)

Cet accord trouvé à la COP 15 ne fait que poser les grands principes. La mise en œuvre de ces dispositions peut encore réserver des surprises, des frottements, et rallonger les délais. La question des DSI reste en tous cas un sujet délicat qui doit tenir en vigilance les pays du « Sud » en quête d‘équité et de sécurité juridique pour leur biodiversité.