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Libération
Bruxelles met à l’amende Fiat et Starbucks pour évasion fiscale
Article mis en ligne le 23 octobre 2015

Un an après l’éclatement du scandale LuxLeaks, la Commission européenne estime que le Luxembourg et les Pays-Bas ont accordé des avantages indus aux deux multinationales.

Certes, l’évasion fiscale a sans doute encore de beaux jours devant elle. Mais Bruxelles vient de balancer quelques grains de sable dans les rouages de sa mécanique. Mercredi, la Commission européenne a frappé un grand coup contre des avantages fiscaux accordés par le Luxembourg et les Pays-Bas. Moins d’un an après qu’une quarantaine de médias internationaux ont révélé un système d’accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et près de 350 multinationales (dont Apple, Amazon, Ikea et Pepsi) baptisé LuxLeaks, Bruxelles exige de l’italien Fiat et de l’américain Starbucks qu’ils remboursent les aides reçues « illégalement ».

Pour la Commission, le Luxembourg et les Pays-Bas ont accordé, respectivement à Fiat Finance and Trade basée au Grand-Duché et à Starbucks domiciliée aux Pays-Bas et spécialisée dans la gestion de redevance de la marque, « des avantages fiscaux […] illégaux au regard des règles européennes en matière d’aides d’Etat », bouclant ainsi des enquêtes ouvertes en juin 2014.
De 20 à 30 millions d’euros

En vertu d’un calcul fait par la Commission, « la valeur de l’avantage concurrentiel indu dont ont respectivement bénéficié Fiat et Starbucks s’élève à 20, voire à 30 millions d’euros ». Ironie de la décision : il incombe à ces deux Etats qui ont dealé dans le plus grand secret avec ces deux entreprises des conditions « avantageuses » sur le plan fiscal de recouvrer leur manque à gagner.

Bien sûr, ce renversement de situation est contesté par toutes les parties prenantes : Fiat, Starbucks, le Luxembourg et les Pays-Bas, qui font mine de s’étonner de la décision de Bruxelles. Mais elle a au moins le mérite de remettre en cause le système des « ruling tax ». (...)

L’exécutif européen, gardien de la concurrence, ne compte pas s’arrêter là. « De nouvelles affaires pourraient voir le jour si nous avons des indications que les règles en matière d’aides d’Etat ne sont pas respectées », a prévenu Margrethe Vestager, la commissaire chargée de la Concurrence. Outre Fiat et Starbucks, plusieurs autres multinationales font l’objet d’enquêtes : Amazon au Luxembourg et Apple en Irlande.

Mercredi, plusieurs ONG et politiques se félicitaient de la décision de la Commission, appelant à faire plus. Cela doit « marquer le point de départ d’un processus pour mettre fin aux pratiques fiscales dommageables », a réclamé Oxfam. Et d’insister pour que la Commission lance une investigation exhaustive sur les 350 cas d’évasion fiscale orchestrés par les multinationales qui avaient été mis en lumière à la suite du scandale LuxLeaks. (...)