
(...) “Des femmes en cage, des hommes enchaînés. Voici quelques-uns des tableaux vivants qui seront présentés dans l’exposition Exhibit B à l’espace 104 à Paris du 7 au 14 décembre 2014. L’artiste sud-africain Brett Bailey a choisi pour thème notre passé colonial”
“Notre passé colonial”. Un “notre” bien hypocrite quand il s’articule uniquement sur la servitude des corps noirs pour une exposition au musée
Voilà donc plusieurs jours que cette exposition est questionnée sur son racisme. A peine daigne-t-on soulever l’annulation de cette même exposition outre-manche, il nous revient d’anticiper les cris à la censure et à la liberté d’expression ; soit une liberté qui se complaît dans le dénigrement et le rabaissement des mêmes minorités ethniques dans l’espace médiatique.
Ainsi, l’Art serait une raison suffisante, une terre assez sainte et sacrée pour échapper à ce qui imprègne toute une société. Il serait le terrain neutre des rapports de force dans une société occidentale profondément marquée par son refus d’entendre parler de la race, préférant voir un antiracisme sans queue ni tête dans le fait de ne pas prononcer le mot “noir” et de “ne pas voir les couleurs des autres“. Ce perpétuel effacement d’enjeux sociaux liés à la race a de lourdes conséquences.
C’est ce qui permet aujourd’hui d’entendre des personnes s’accorder sur la connotation raciale des corps noirs dans cette oeuvre et qui refusent en même temps d’inclure la couleur de l’artiste dans l’équation. Aujourd’hui encore, le blanc est une couleur que l’on ne peut nommer.
C’est ce qui permet aujourd’hui aux défenseurs de cette oeuvre de soutenir qu’il y a dénonciation du racisme, alors qu’ils nient ce qu’en pensent les premières victimes : les diasporas noires, donc. (...)