
Des avocats de l’Institut de défense des étrangers dénoncent des dysfonctionnements dans l’accueil des étrangers aux guichets de la préfecture.
La préfecture n’est pas encore ouverte. Ils sont pourtant déjà des dizaines à faire la queue en bravant tous les temps sur le trottoir (1). Attroupés. Des étrangers venus faire une demande de titre de séjour, d’asile, s’enquérir de l’avancement de leur dossier ou simplement signaler un changement d’adresse. Une attente résignée et déjà incertaine puisque tous n’entreront pas.
C’est écrit noir sur blanc sur les portes vitrées du hall. « Le service des étrangers se réserve la possibilité de limiter l’accès aux guichets en fonction de l’affluence. (...)
les avocats de l’Institut de défense des étrangers (IDE), à Bordeaux, ont décidé de réagir.
Plus qu’une fronde, l’expression d’un ras-le-bol. En « indignés du barreau », ils accusent. Parlent de « dysfonctionnement », de « désorganisation », d’une « politique du découragement systématique ». « C’est parfois incroyable. À croire que le but est de prendre le moins de dossiers possibles », raille un jeune avocat.
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Chacun y va de son anecdote, de son « histoire vraie ». L’absence de grille de lecture. La faible amplitude des horaires d’ouverture. Un étranger mal orienté vers un titre qui ne correspond pas à sa situation. Des dossiers « en cours d’instruction » dont on ne retrouve la trace que plus de quatre mois après le dépôt. Deux guichets, reliés à la même banque de données qui ne donnent pas les mêmes informations. Un dossier qui se résout comme par miracle dès qu’un avocat tend l’oreille dans la file et s’en mêle.
Un refus de récépissé qui pourtant fait courir des délais et prouve que l’étranger a fait des démarches. Un client interpellé à la gare alors qu’il faisait une photocopie pour compléter son dossier. Un sentiment d’impunité pourtant parfois porté à la connaissance du juge administratif qui tranche dans un sens ou dans l’autre.
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Les avocats de l’IDE ont saisi leur bâtonnier en lui demandant d’intervenir auprès de la préfecture pour rappeler les règles de bienséance et le respect de la profession d’avocat. Ils travaillent également sur une charte de bonne conduite. (...)