
Ce sont deux files qui s’étirent, presque sans fin. Il est 7 h, plus de 500 personnes attendent l’ouverture des guichets de la préfecture de Bobigny, pour des démarches relatives à leur titre de séjour. Certaines ont pris leur place dans la file la veille, d’autres patientent depuis le milieu de la nuit. Toutes ont l’habitude de se casser les dents sur une administration qui n’a aucun égard pour elles. Reportage.
...Ce sont ces deux files qui s’étirent dans la nuit, depuis l’entrée des bâtiments jusqu’à loin, loin derrière. Ce sont ces gens qui patientent dans le froid, debout, calmes, immobiles : patients. Ce sont ces hommes et femmes qui commencent à attendre la veille, à 20 h pour les premiers, à quatre-cinq heures du matin pour un grand nombre, afin d’être sûrs de pouvoir approcher un guichet et de faire avancer leur dossier. Ce sont - enfin - ces quelques employés de l’administration opposant visage fermé (sourire ? Parler humainement ? Et puis quoi encore ?) et gant de fer en réponse à la détresse de ceux qui, insignifiants, n’ont aucun moyen d’exiger un minimum de respect...