
François Hollande et Manuel Valls ont dénoncé des actes "innommables" et "inacceptables". Les associations évoquent un "climat malsain" et un discours politique stigmatisant envers cette minorité
(...) Darius, 16 ans, se trouve toujours entre la vie et la mort. Retrouvé vendredi inconscient dans un chariot de supermarché abandonné au bord d’une route, l’adolescent aurait été enlevé sous les yeux de ses proches à Pierrefitte-sur-Seine par une douzaine de jeunes. Séquestré, il a été battu quasiment à mort par ses agresseurs qui le le soupçonnaient d’avoir commis une tentative de cambriolage "plus tôt dans la journée" dans un appartement de la cité voisine. (...)
De nombreuses associations ont fait le lien entre l’agression de Darius et la stigmatisation dont son victimes les Roms.
"C’est la terrifiante conséquence de plusieurs années de politiques publiques inefficaces et de prises de paroles d’élus, de représentants de l’État mais aussi de nombreux médias, entretenant et surfant sur un climat malsain", a ainsi réagi Romeurope. (...)
L’an dernier, Manuel Valls a notamment été au cœur d’une vive polémique pour avoir déclaré, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, que "les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou à y retourner" ou encore qu’ils ont "des modes de vie extrêmement différents des nôtres, qui évidemment sont en confrontation". Ces propos avaient heurté jusque dans les rangs de la majorité et le Premier ministre a par la suite été poursuivi par l’association La Voix des Rroms.
Dénonçant "la République dans le coma", la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a pour sa part rappelé que, selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, 85% des Français pensent que les Roms exploitent leurs enfants et 78% qu’ils vivent essentiellement de vols et de trafics. "La preuve est faite que les préjugés les plus grossiers précèdent les actes les plus abjects", dit l’association.
Pour Amnesty international, "ces violences graves s’inscrivent dans un contexte d’expulsions forcées qui jettent à la rue Roms et migrants, les condamnant ainsi à l’errance et à des conditions de vie extrêmement précaires, les exposant à davantage de violences".