
L’écologie se fraye un chemin de plus en plus large dans le discours des institutions chrétiennes et dans les préoccupations des fidèles. En témoignent les Assises Chrétiennes de l’Écologie qui ont eu lieu le week-end dernier à Saint-Etienne, où débats intellectuels et réflexions interreligieuses ont porté sur l’enjeu écologique, avec la COP21 de Paris en ligne de mire. Reportage.
Les premières assises avaient eu lieu en 2011, à la suite des Assises Chrétiennes du Jeûne. Au cœur de la conception et de l’organisation se trouvent Jean-Claude Noyé, journaliste à l’hebdomadaire La Vie, le Père Jean-Luc Souveton, prêtre du diocèse de Saint-Etienne, et Laura Morosini, juriste et membre de Chrétiens pour la Terre. L’événement est soutenu par la ville et par plusieurs associations de bénévoles.
Dans une visée à la fois politique et spirituelle, il se réfère explicitement à la foi chrétienne. Cependant, la diversité culturelle et intellectuelle des intervenants y est très importante, notamment par la présence de représentants de différentes religions, telles que l’islam, le bouddhisme, le judaïsme, et les autres branches du christianisme. Sur deux jours et demi, le programme est très dense : de grandes conférences plénières auxquelles assistent chaque fois près de 1500 personnes, des tables rondes, et de nombreux forums, sur presque une centaine de sujets, dans lesquels les participants échangent en groupes plus intimes ou partagent une pratique concrète : cuisine biologique, art manuel ou corporel, prière... (...)
Bien qu’on puisse estimer la moyenne d’âge autour de cinquante ans, toutes les générations sont représentées et prises en compte. (...)
C’est bien dans la perspective de la conférence onusienne que se situent les Assises, et dans la suite de l’Encyclique retentissante du Pape François, Laudato si’ (Loué sois-tu). Le climat est la question essentielle de cette rencontre, ainsi que la croissance. Jean-Claude Noyé reconnaît : « A titre personnel, je serais heureux que ce soit la parole décroissantiste qui ressorte de ces trois jours. » (...)
À la fin du week-end, François, Faucheur volontaire et Scout de France, catholique, et militant écologiste depuis quinze ans, témoigne : « Sur le fond, pour quelqu’un d’engagé sur la question, on n’a pas entendu tant de nouveautés. Mais ce qui était vraiment nouveau, c’est que des propos souvent très radicaux, sur la croissance, sur le libéralisme, ont été tenus dans un cadre officiel, institutionnel, ecclésial, avec des évêques… Cela donne une légitimité à l’engagement écologiste, inimaginable il y a encore trois ans dans ce milieu-là. »
Tournant écologiste (...)
Tout le monde s’accorde pour dire que l’Encyclique pontificale est arrivée à un moment opportun, un kairos (moment opportun), et provoque un véritable bouleversement dans l’Église : « Quelque chose se passe. »
Le terrain se préparait cependant depuis quelques temps, comme l’atteste l’opuscule de la Conférence des évêques des France écrit en 2012 (...)
C’est ainsi que philosophes, théologiens, acteurs politiques de terrain, hommes d’Église, économistes, scientifiques, chercheurs, etc., discutent ensemble. La nécessité de sortir de l’hubris, la reconnaissance de l’autolimitation de l’homme et le refus de sa toute-puissance reviennent très souvent, pour les croyants comme pour les non-croyants. (...)
Geneviève Azam, économiste et militante de la première heure, porte-parole du mouvement Attac, « non croyante », est « très honorée et émue de parler dans un tel lieu d’un sujet aussi important », lors d’une table ronde sur la décroissance qui se tient dans une église. Elle se sent en cohérence totale avec l’éthique défendue ici (...)
La "maison commune"
Les Assises se terminent par une dernière conférence à laquelle sont invités le rabbin Yeshaya Dalsace, l’évêque Mgr Feillet, le président du Conseil français du culte musulman Anouar Kbibceh, et le pasteur Christian Kieger, autour de la question : comment mobiliser les religions face à la crise écologique ? Tous s’accordent pour « revenir aux fondamentaux sans fondamentalisme » ; et rappellent que les religions sont « des valeurs, et non du ritualisme. » (...)