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Sciences et Avenir
Au Gabon, le "kobolo", nouvelle drogue et "star des lycées"
Article mis en ligne le 3 février 2018

C’est une "gangrène", devenue en près d’une année un fléau : la consommation d’un emblématique médicament anti-douleur, souvent associé à de l’alcool, fait fureur dans les écoles au Gabon, une nouvelle drogue surnommée "kobolo" par la jeunesse des quartiers.

Ça commence dès la 6e, dès 12-13 ans, on voit les enfants littéralement changer de peau, devenir agressifs et violents sous les effets de ce kobolo, qu’on trouve régulièrement en fouillant dans les cartables. Le pire c’est que les élèves ne font pas que consommer, ils vendent", se navre la jeune femme.

"L’administration a connaissance du problème, mais c’est comme si elle était débordée", s’interroge-t-elle, alors que les syndicats d’enseignants ne cessent de tirer la sonnette d’alarme ces derniers mois sur "l’insécurité grandissante" en milieu scolaire. (...)

Le kobolo, mot d’argot venu des quartiers populaires de Libreville, désigne en fait l’usage du Tramadol, un anti-inflammatoire, proche de la codéine et de la morphine, prescrit en cas de traumatisme ou après une opération. (...)

Né aux Etats Unis vers 2014, ce phénomène mondial a touché l’Afrique un peu plus tardivement. Au Gabon, où la consommation de chanvre et autres drogues reste très limitée, son usage s’est vraiment popularisé en 2017.

"On a fait des réunions avec des parents d’élèves pour alerter sur l’ampleur du phénomène", explique le Dr Rondi. L’ordonnance a été rendue obligatoire en juillet. (...)

Avec quelques reportages médiatisés sur ses opérations anti-kobolo, la police assure être mobilisée, et fait état de 5.952 comprimés de Tramadol saisis en 2017.

"Mais le silence des autorités sanitaires est assourdissant", s’indigne un directeur d’hôpital public. "Pas même un simple clip télévisé pour sensibiliser les jeunes".

Il y a aussi le phénomène de mode suscité par le tube "goudronier", musique populaire des bas quartier devenu un tube national, diffusé jusque dans les meetings des partis politiques. (...)

"Ça va de 12 ans, jusqu’à 16-17 ans, mais pas seulement. Toutes les classes sociales sont touchées. Toutes les nationalités aussi, des Français ou des Libanais", observe Laeticia Ndong, psychologue qui reçoit de nombreux cas à son cabinet privé.

Les filles sont également concernées, avec des rapports sexuels à risque et des grossesses non-désirées, souligne Mme Ndong. (...)