
Le président brésilien Lula s’est dit convaincu jeudi que la porte du palais de Planalto a été ouverte pour laisser entrer les émeutiers lors de l’assaut de dimanche dernier. De leur côté, les enquêteurs poursuivent leur travail pour identifier les responsables, notamment ceux qui ont œuvré en coulisse pour financer et organiser l’insurrection.
Au Brésil, le gouvernement resserrait son étau jeudi 12 janvier autour des participants, organisateurs et financeurs des émeutes de dimanche à Brasilia, qui ont poussé Lula à "profondément réorganiser" sa sécurité au palais présidentiel.
(...) "Cela signifie que quelqu’un a facilité leur entrée ici", a insisté Luiz Inacio Lula da Silva. "Comment pourrais-je avoir quelqu’un à la porte de mon bureau qui pourrait me tirer dessus ?" a-t-il demandé. (...)
L’étau continue de se resserrer, de nombreux émeutiers étant identifiés grâce aux caméras de surveillance, aux images de la presse ou aux selfies qu’ils ont publiés sur les réseaux sociaux. Mais la priorité des autorités est désormais de sanctionner les réseaux qui ont œuvré en coulisse pour financer et organiser l’insurrection.
Jeudi, le bureau de l’Avocat-général de l’Union (AGU), qui défend les intérêts de l’État fédéral, a demandé à la justice de Brasilia le gel de 6,5 millions de réais (environ 1,2 million d’euros) de 52 personnes et sept entreprises accusées d’avoir financé le transport d’émeutiers dans une centaine d’autocars arrivés de tout le pays samedi soir. Selon plusieurs médias brésiliens, un grand nombre de financeurs présumés seraient liés au secteur de l’agronégoce, soutien fidèle de Jair Bolsonaro.
L’évaluation des dégâts considérables subis par le patrimoine national, dont des œuvres d’art, était toujours en cours. Rien que pour les deux chambres du Congrès, ils s’élèvent à plus d’un million d’euros, selon les premières estimations rendues publiques par le gouvernement.
Jeudi, Lula a multiplié les réunions avec ses ministres, dans un souci apparent de revenir à la normalité après le choc de cet attentat sans précédent contre la démocratie brésilienne depuis l’instauration de la dictature militaire (1964-1985).
Appels à l’expulsion de Bolsonaro
Aux États-Unis, des élus démocrates ont appelé à ce que le président Joe Biden révoque le visa de l’ex-président brésilien, qui se trouve en Floride (sud), refusant que les États-Unis servent de refuge à l’ancien dirigeant. (...)
Son séjour en Floride place les États-Unis sous une lumière relativement embarrassante, évoquant notamment de précédents accueils de dirigeants latino-américains controversés. Interrogé mercredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que les États-Unis n’avaient reçu aucune demande du Brésil à propos de Jair Bolsonaro, mais qu’il traiterait une telle requête "rapidement".