
Quand on est profondément inscrit dans le système néolibéral et que l’on veut, malgré tout, tenter de se démarquer pour exister, il faut proposer des solutions qui ont l’air d’être bonnes, car issues du bon sens commun, mais qui se révèlent partielles, inappropriées, voire inapplicables… Dans tous les cas, lesdites mesures ne remettent en cause ni la mondialisation, ni les politiques européennes et nationales néolibérales.
C’est l’exercice auquel se livre François Bayrou pour amorcer sa campagne présidentielle. Arrêtons-nous sur l’idée de génie de Bayrou : Acheter français
On sait que la mondialisation de la production a éparpillé le processus de production sur le plan géographique. Alors peut-on dire qu’une automobile de marque Renault, Peugeot… est un produit de fabrication française ?
François Bayrou donne la réponse : créer un label France. (...)
Acheter français et acheter équitable présentent des similitudes évidentes. Dans les deux cas, « on » reconnaît que la « main invisible » qui guide les forces du marché, atteinte d’un syndrome parkinsonien, engendre des dysfonctionnements socialement nuisibles. Mais comme « on » ne veut pas toucher aux règles de la libre concurrence, « on » met en avant le commerce équitable ou l’acheter français pour corriger les errements du marché.
(...)
En fait, le problème des travers de la mondialisation néolibérale ne pourra être traité que lorsque nos politiciens eux-mêmes seront soumis à la concurrence internationale qui proposera mieux et moins cher. Il est certain que dans cette hypothèse, les dits politiciens prendront immédiatement les mesures de protection appropriées car le politicien euro-équitable aura certainement peu de chance de bénéficier d’un vote « citoyen ».