
La première conférence panafricaine de solidarité avec la Palestine s’est réunie début mars 2022 à à Dakar. Dans la lignée de son grand-père Nelson Mandela qui avait déclaré : « Notre libération ne sera pas totale tant que la Palestine ne sera pas libérée », le député Zwelivelile Mandela y a dénoncé l’influence grandissante d’Israël en Afrique.
Le mois dernier, j’ai pris la parole lors de la conférence inaugurale du Réseau panafricain de solidarité avec la Palestine (RPSP) à Dakar, au Sénégal. Des militants de 21 pays africains s’y étaient réunis pour construire un mouvement à l’échelle du continent afin de soutenir la lutte de libération palestinienne contre l’apartheid israélien.
J’ai eu l’honneur d’être aux côtés de nombreux jeunes Africains courageux, qui ont réaffirmé la position historique de l’Afrique sur la Palestine et le lien indéfectible entre Africains et Palestiniens : deux peuples qui partagent une lutte commune contre l’occupation, le colonialisme et l’apartheid.
J’imagine que mon grand-père, Nelson Mandela, a dû ressentir le même sentiment de camaraderie il y a 60 ans, lorsqu’il s’est rendu à Dakar pour mobiliser le soutien africain à la lutte de libération de l’Afrique du Sud.
Les délégués du réseau ont discuté de la pénétration de l’État d’apartheid israélien en Afrique, qui s’appuie sur la fourniture de technologies militaires et de surveillance à plusieurs gouvernements répressifs. Israël affaiblit ainsi la démocratie et les droits humains en Afrique, ainsi que la solidarité avec la Palestine sur le continent. J’ai approuvé ce constat lorsque j’ai pris la parole lors de l’événement public organisé par le réseau le 12 mars.
J’ai montré comment Israël avait étendu ses tentacules en Afrique. Cherchant désespérément à se faire des alliés alors qu’un nombre croissant d’organisations de défense des droits fondamentaux très respectées le qualifient d’État d’apartheid, Israël utilise la surveillance, la technologie militaire et agricole comme monnaies d’échange pour s’acheter une légitimité en Afrique. Dans ce processus, Israël s’est insinué dans les structures africaines, de façon ouverte et plus secrètement. Ces propos ne sont pas antisémites comme l’ont affirmé de manière hystérique certains médias pro-israéliens en Afrique du Sud. La Cour constitutionnelle sud-africaine l’a récemment jugé : critiquer Israël n’est pas attaquer le judaïsme. Il existe une distinction claire entre le judaïsme et le sionisme, et entre le peuple juif et les apologistes d’Israël. (...)
Depuis des années, Israël forme et arme les unités militaires qui protègent les régimes présidentiels oppressifs au Cameroun, en Ouganda, en Guinée équatoriale et au Togo. Ce faisant, il maintient les dictateurs au pouvoir. (...)
Israël fournit également des cyberarmes comme le logiciel espion Pegasus du groupe NSO et son logiciel Circles à divers gouvernements africains pour écraser la dissidence et réprimer les journalistes, les opposants politiques et les militants des droits humains. Et même espionner d’autres dirigeants africains, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Le logiciel d’espionnage peut pirater les communications cryptées de n’importe quel iPhone ou smartphone Android.
Ces dernières années, Tel-Aviv a courtisé les dirigeants africains en leur offrant des technologies d’espionnage, dans l’espoir d’obtenir leur soutien aux Nations unies et à l’Union africaine (UA). (...)
Des groupes israéliens ont également mené des campagnes de désinformation en Afrique. (...)
Israël s’appuie fortement sur diverses entreprises privées israéliennes, des hommes d’affaires, des consultants et des intermédiaires qui tirent parti de leur accès aux coulisses du pouvoir en Afrique pour servir les intérêts de l’État israélien. En Afrique, la « diplomatie des intermédiaires » d’Israël est en plein essor.
La diplomatie du carnet de chèques
Au nom du développement et de la sécurité alimentaire, Israël promet à l’Afrique des technologies agricoles et hydrauliques, mais ne contribuera à la lutte contre la pauvreté sur le continent que si cela convient à ses intérêts politiques. (...)
C’est ainsi que l’Afrique, autrefois bastion de la solidarité palestinienne a été aveuglée par les promesses d’Israël en matière d’armes, de logiciels espions et d’aide agricole, au point d’accueillir un État d’apartheid au sein de l’UA
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Nous devons réfléchir profondément à la manière dont la diplomatie parallèle de l’État d’apartheid israélien s’est insinuée insidieusement dans la psyché africaine. Nous devons rejeter les efforts d’Israël pour coopter l’Afrique. Si nous ne le faisons pas, nous continuerons à être complices d’effusions de sang, tant en Afrique qu’en Palestine.