L’incroyable renversement de situation en Tunisie, puis les soulèvements en Egypte : scénarios à perdre haleine qui conduisent à la défection de deux indétrônables dictateurs d’Afrique du Nord… L’espoir gagne les pays voisins, les peuples qui n’ont pas voix au chapitre depuis trop longtemps. Et plus au Sud ? Vers l’Afrique subsaharienne, où depuis tant d’années on parle de démocratures, de gouvernements – marionnettes du néocolonialisme, d’abus de pouvoir si énormes que l’on soupçonne Paul Biya d’avoir acheté l’équivalent du Château de la Loire en Suisse - vers le sud donc, que ressent-on ? Certains espèrent une contagion, que l’onde de choc se propage. Pas si vite.
Le 23 février dernier, l’ambiance dans les grandes villes du Cameroun était un peu tendue : les forces armées étaient déployées dans les endroits stratégiques, les kiosques à journaux de désemplissaient pas de curieux qui venaient suivre les gros titres, inquiets. On pouvait lire, en Une du quotidien Mutations : « Manifestation publique, journée à haut risque au Cameroun », tandis que Le Journal du Cameroun titrait : « Le gouvernement invite au calme ». En effet, les partis d’opposition (à leur tête Jean-Michel Nintcheu du Sdf et Anicet Ekane du Manidem) avaient lancé des appels à manifestations pour commémorer les émeutes de 2008. (...)
[Petit Rappel : en 2008, la crise économique frappe le Cameroun et le gouvernement impose une hausse significative des prix des carburants et de la plupart des produits de première nécessité. Les « émeutes de la faim » éclatent dans les grandes villes, se terminant par une répression dure qui fait plus d’une centaine de morts.](...)
Ailleurs dans le monde, des camerounais expatriés invitent à suivre l’exemple des révolutions populaires d’Afrique du Nord(...)
Au Cameroun, la corde sensible du panafricanisme et le rejet de toute ingérence politique prend le pas sur l’idéal révolutionnaire. N’en déplaise à certains rêveurs, le vent de la révolution du jasmin n’est pas encore venu à bout du désert. (...)