Dans un nouveau rapport intitulé “Bois teinté de sang - Violence rurale et vol de bois en Amazonie”, Greenpeace révèle qu’un exploitant forestier, accusé d’avoir commandité le meurtre de neuf personnes au Brésil en avril dernier, a pu continuer à exporter du bois dans plusieurs pays - dont la France, suite à ces assassinats.
Le weekend du 19 avril 2017, 4 hommes armés de couteaux, de machettes, de revolvers et de fusils sont entrés, dans la ville rurale de Colniza, District de Taquaruçu do Norte dans l’Etat du Mato Grosso, avec l’intention de tuer et de terroriser la population locale. L’escadron de la mort, connu sous le nom des “encagoulés”, a torturé et exécuté des habitants sur 10 km. En tout, ce sont neuf personnes qui ont été tuées. (...)
Selon le Procureur Public de l’Etat du Mato Grosso, le “massacre de Colniza” a été encouragé par l’avidité des forestiers et de tous ceux qui s’accaparent les terres riches en ressources naturelles et aurait été commandité par Valdelir João de Souza, aussi connu sous le nom de “l’ébéniste polonais”. Cet entrepreneur possède les entreprises Madeireira Cedroarana et G.A. Madeiras, responsables du Plan d’Aménagement Forestier de la zone adjacente aux exactions. L’existence d’espèces d’arbres de grande valeur, comme l’ipe, le jatoba et le massaranduba (largement utilisés dans la fabrication de terrasses et de mobilier de luxe) dans la zone forestière où vivaient les paysans qui ont été tués, est certainement une raison de ces assassinats.
Des importateurs français concernés (...)
La pression exercée par les industriels du bois et la fraude liée aux titres fonciers constituent une menace pour les forêts et les populations rurales qui vivent dans la région. Exécutions sommaires, tentatives de meurtre et intimidation… Ceux qui défendent les forêts vivent dans la peur. (...)
Et c’est bien l’objectif de ces sociétés véreuses. Comme elles vont chercher leur bois dans des zones publiques dans lesquelles la coupe n’est pas autorisée, ou dans les territoires autochtones, ou encore dans les réserves naturelles, elles se heurtent aux populations locales qui habitent dans ces forêts et qui vivent grâce à leurs ressources naturelles. Les raids sanglants n’ont d’autres but que de faire tomber ces résistances par la terreur, afin de faire perdurer un système fondé sur le blanchiment de bois illégal. (...)
Le rôle de la France
Il existe en France une législation sur le bois illégal déclinée du Règlement sur Bois de l’Union Européenne (RBUE), pour empêcher son importation sur notre territoire. Il est particulièrement préoccupant que des sociétés française puissent avoir des liens commerciaux avec un entreprise impliquée dans des meurtres.
Nous demandons donc aux autorités compétentes françaises, Ministère de la Transition écologique et solidaire et Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, de faire le nécessaire de toute urgence pour faire la lumière sur ces entraves à la législation. Elles doivent enquêter sur les cinq importateurs impliqués pour savoir quelles mesures de contrôle ils ont mises en place vis-à-vis de leur fournisseur brésilien, et elles doivent appliquer les sanctions appropriées s’il s’avère que ces importateurs n’ont pas mis en place les mesures de diligence raisonnée réglementaires. Elles doivent aussi établir si les importateurs français ont effectué une mise sur le marché européen du bois incriminé, pour voir si des entorses au RBUE sont caractérisées. Car il n’est plus possible de tolérer qu’une activité commerciale se poursuive au prix du sang.