Depuis 2004, une société cherche à exploiter les gaz de couche de l’est et du nord de la France. Cet intérêt inquiète l’auteure de cette tribune à cause du risque de pollution et de la nécessité d’utiliser la fracturation hydraulique, une technique interdite en France. MM. Macron et Philippe y semblent favorables.
(...) En 2004, la société European Gas Limited (EGL) a demandé un permis de recherche exclusif pour exploiter du gaz de couche (« coalbed methane », CBM) et du gaz de mine (« coal mine methane », CMM) dans l’est de la France. Elle a obtenu le permis dit « Bleue Lorraine ».
Le gaz de mine est le méthane qui s’échappe naturellement des galeries des anciennes mines de charbon. Dans le Nord, l’entreprise Gazonor l’extrait par simple captage depuis 1992, ce qui contribue à la mise en sécurité du bassin minier de la région. Le gaz de couche, lui, c’est le méthane contenu dans les couches profondes de charbon (entre 1.000 et 2.000 m de profondeur). À quelques exceptions près, partout où le gaz de couche est exploité (États-Unis, Australie, Chine), la très controversée technique de la fracturation hydraulique est utilisée.
Pour estimer la ressource en gaz de couche dans l’Est, EGL a fait réaliser le forage de Folschviller (Moselle) en 2008. Il a, d’après la presse, subi une fracturation hydraulique. C’est le seul puits qui a permis une certification de ressources. EGL a foré d’autres puits en Lorraine, mais aucun n’a donné de résultats probants : ennoyage en continu, rencontre de failles très importantes…
Source possible de pollution de l’eau (...)
En 2016, EGL a été rebaptisée La Française de l’énergie (LFDE) pour se donner une couleur locale. Elle a été introduite en bourse en juin 2016. Cette introduction a permis à LFDE de racheter Gazonor et de se tourner vers les bassins du Nord, car, en Lorraine, pas un seul mètre cube de gaz n’a été vendu. L’activité « gaz de mine du Nord » est ainsi son seul revenu pour continuer des activités de recherche en Lorraine, où 16 forages d’exploration sont d’ores et déjà programmés. (...)
Pour l’activité gaz de mine dans le Nord–Pas-de-Calais, LFDE a choisi de transformer ce gaz en électricité, avec un rendement de 37 %, ce que nous considérons comme un formidable gaspillage de ressources qui sert surtout, pour LFDE, à engranger les subventions et à faire mousser sa production de gaz de mine auprès de ses investisseurs.
Notons que M. Macron, dont la campagne n’a guère laissé de place à l’écologie, s’est prononcé avec enthousiasme pour l’exploitation du gaz de couche en Lorraine. Si le besoin de fracturer est avéré, soutiendra-t-il l’abrogation de la loi Jacob ? Ou son aménagement pour l’exploitation des gaz de couche ?
L’entreprise se targue d’avoir l’adhésion de la population locale. Pourtant, l’opposition se lève (...)