
Ahmed, voisin des terroristes de Saint-Denis, a été blessé dans l’assaut du Raid à Saint-Denis, le mercredi 18 novembre. Terrible ironie du sort : à l’issue de son audition, il s’est vu remettre une obligation de quitter le territoire français...
Il a vu la mort venir le cueillir alors qu’il dormait, dans la nuit de mardi à mercredi, dans son modeste studio d’un immeuble vétuste de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ahmed, un Egyptien de 63 ans, sans papiers, était logé sur le même palier que les terroristes présumés, ciblés par les hommes du Raid. (...)
Le peintre en bâtiment voit des projectiles tirés depuis l’immeuble d’en face atteindre les murs du sien. Les snipeurs du Raid viennent d’engager le feu sur les terroristes retranchés, armés de kalachnikovs. Dans un geste de survie, Ahmed s’empare d’un morceau de bois et tente de se protéger derrière. Puis le déluge de feu gagne son logement. « Des balles ont touché le lavabo, la télé et le frigo, confie encore le sexagénaire, le regard un peu hagard. Je parlais aux policiers mais ils ne me répondaient pas. Si j’avais bougé, ils m’auraient tiré dessus. Les tirs provenaient de partout... » (...)
« J’ai expliqué aux enquêteurs que trois hommes et une femme, avec des cheveux châtains et longs jusqu’aux hanches, étaient venus frapper à ma porte le mardi soir vers 21 heures, indique-t-il. Ils parlaient en français. Ils s’étaient trompés de porte. Quand j’ai ouvert, ils se sont précipités dans un autre appartement. J’ai eu l’impression qu’ils ne voulaient pas montrer leur visage. Ils portaient des chapeaux, des manteaux et ils avaient les mains dans les poches. Je les ai salués en arabe mais ils n’ont pas répondu. »
Terrible ironie du sort : à l’issue de son audition, Ahmed, qui a tout perdu dans l’assaut donné par la police, s’est vu remettre une obligation de quitter le territoire français... Sollicité dimanche, son avocat, Me Karim Morand-Lahouazi, a fermement dénoncé « l’attitude de l’administration » à l’égard de son client. (...)