
Karachi, valises françafricaines, plaidoirie du Parquet pour une relaxe générale dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, feuilleton Woerth/Bettencourt… Balayée par les révélations en série de toutes ces “affaires”, la présomption d’innocence cède le pas à une solide et tenace présomption de culpabilité.
Privilège des nantis et des puissants — le Rom, le voleur de bicyclette ou le sans-papier n’en bénéficient guère — la présomption d’innocence n’apparaît plus que comme un ultime rempart des filous pour gagner cahin-caha le rivage des prescriptions commodes et des non-lieux douteux.
Œil poché, pif amoché et proche du chaos, l’idée démocratique, elle, chancelle sous les coups bas. Tous pourris, et si c’était vrai ?
L’idée démocratique, pour ceux qui s’en revendiquent haut et fort, ne devient plus qu’un alibi où manifestement tous les coups sont permis pour conquérir pouvoirs et richesses. A droite comme à gauche. Car si la Françafrique de droite eut son Jacques Foccart, celle de la gauche mitterrandienne s’accommoda fort bien de son Guy Penne.
Ajoutons à ces combines mafieuses, la perversion plus insidieuse qui consiste à légaliser carrément les exactions. Le problème actuel de la dette publique provient, non d’une augmentation des dépenses de l’État, mais d’une diminution volontaire de ses recettes à grands coups de paquet fiscal et de niches juteuses pour quelques-uns. Là encore, droite et gauche institutionnelles s’entendirent comme larrons en foire. (...)
La Grande perdition a le grand mérite de mettre à nu cette paralysie générale. Elle précède toujours la guerre, les périodes de régression livrées à des forces obscurantistes. Ou les révolutions. Encore une fois, c’est pendant les grandes périodes de troubles que se sont produites les plus grandes avancées sociales.
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Les révolutions ne viennent jamais des masses populaires, encore moins lorsque, égarées, elles s’expriment dans l’intimité angoissante d’un isoloir. Elles viennent des minorités agissantes qui les rallient à leur cause en désespoir de la leur : le mouvement de résistance initié par l’appel du général de Gaulle en 1940, les révolutions arabes de 2011, le mouvement des Indignés…
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