
Depuis 1980, les salaires diminuent → moins 10 points de PIB. Le chômage, endémique, explose : plus de 20% chez les jeunes.
Depuis des décennies, la croissance promise - solution à tous les maux - n’est pas au rendez-vous. Les plans d’austérité succèdent aux
plans d’austérité. « Pour aller mieux demain, il faut se priver plus aujourd’hui » déclarent économistes et dirigeants.
Ce qui ne marche plus depuis longtemps va-t-il devenir efficace demain ?
Prenons l’exemple de l’Allemagne. "Elle a su faire face à la crise et appliquer les mesures qui s’imposaient," affirment à loisirs médias
et dirigeants conduisant à reconnaitre le modèle allemand comme un modèle à imiter.
Qu’en est-il ?
Une réussite : le chômage atteint en octobre son plus bas historique, 6,5%, mais le nombre de travailleurs pauvres
s’accroît avec parfois des contrats de travail de 10 heures par semaine → plus 6 millions de pauvres. Les salaires sont bloqués.
La réussite ne profite pas à tous.
Il est légitime de se poser la question : "A qui profite-t-elle ?" et son corollaire : "La « crise » n’est-elle pas un alibi pour une
exploitation encore plus féroce ?"
Il est loisible d’opérer ce renversement : la crise dite « de la dette », appellation qui restera dans l’Histoire, est une crise sociale et
écologique.
Ce renversement présente un triple intérêt :
1) Il permet de faire le jour dans ce qui paraît obscur.
La majorité de la classe politique, l’ensemble des médias parlent de « crise de la dette », de la nécessité de « donner confiance aux
marchés ». En d’autres termes de montrer à ces derniers que les Etats emprunteurs pourront rembourser.
Pourquoi les marchés sont-ils « inquiets » ?
Parce que les banques ont tellement perdu lors de la crise de 2008 qu’elles ne peuvent plus verser aux traders les mêmes très gros
salaires qu’avant la crise ? Parce que leurs profits ont beaucoup baissé ?
Selon les gazettes, rien de tout cela ne fait que les marchés sont inquiets.
Comment cela se manifeste-t-il ? « Si vous ne donnez pas des garanties que vous rembourserez » disent les marchés « les intérêts de
votre dette vont augmenter ». Ou encore : " plus grande est notre crainte que ce sera difficile de rembourser, plus la dette sera lourde
et donc plus difficile à rembourser". C’est la logique des marchés.
Que font l’Europe, le FMI, pour éviter cette perte de confiance ?
Ils imposent aux Etats emprunteurs : la rigueur, des mesures qui garantissent que les richesses produites ne seront pas « gaspillées »
en dépenses sociales, en dépenses de soutien à l’économie, en dépenses pour la protection de l’environnement, afin que leur capacité
de remboursement reste intacte. Remboursements qui - rappelons-le au passage – serviront à payer les dividendes des actionnaires et
des traders...
Les Etats, pour respecter ces injonctions, se font obligation :
– • De réduire les dépenses sociales :
o avancement de la mise en route de la contre réforme des retraites, 1,3 milliards d’euros,
o blocage des prestations sociales, 500 millions d’euros
– • De réduire la consommation des ménages : augmentation de la TVA, 1,8 milliards d’euros
o Les entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 250 000 millions d’euros verseront une taxe
exceptionnelle de 5%, 1,1 milliards d’euros.
o Une taxe exceptionnelle a déjà été appliquée à la fin de l’été pour les revenus au-delà de 500 000 euros
annuels.
La charge n’est pas la même pour tous.
Les entreprises, dont les bénéfices - mesurés à l’aune des salaires - sont énormes, participent, exceptionnellement, à un niveau
moindre que le coût , pour les salariés , de l’accélération de la contre-réforme des retraites.
Les riches pour participer, exceptionnellement, à l’effort commun doivent gagner plus de 500 000 euros par an.
Pourquoi ? Pour la doxa ( la doctrine ) capitaliste, ce sont ces acteurs-là qui permettent la création de richesses et les emplois de
demain. Il ne faut donc pas…. les effrayer… non, non ! en les taxant « trop », mais de moins en moins,….. sauf exception.
Depuis 1980, ces derniers ont déjà gagné 10 points de PIB. La longue marche vers des lendemains plus enchanteurs ne nous
rapproche pas du but, au contraire, ce but s’éloigne toujours davantage de nous.
N’y aurait-il pas quelque chose de vicié dans la même explication, répétée en boucle ? Ne devrait-on pas revenir à quelques
fondamentaux ? La lutte des classes est acharnée comme jamais. Qualifier les crises de « financières », alors que la finance ne s’est jamais aussi bien portée, n’est-ce-pas un leurre destiné à cacher que la crise est sociale et écologique, qu’elle est issue d’un rapport de
force défavorable aux salariés, qu’elle est le résultat d’une politique ?
Pour les salariés, la crise est sociale. Il leur est demandé de nombreux sacrifices. La chose était déjà apparue, en 2008, lors de la
crise dite des subprimes. Les revenus salariaux avaient diminué de telle façon que les salariés étaient obligés de s’endetter.
Pour les financiers et leurs supporters ( les « hommes politiques » de droite et de la gauche social-libérale ) c’est une crise « de la
dette » .
Tous ne sont pas logés à la même enseigne :
Les traders eux gagnent toujours autant, les parachutes dorés sont toujours aussi dorés, les retraites-chapeaux*, c’est
toujours "Chapeau !", les profits du CAC40, des banques augmentent.
Pour les peuples l’histoire n’est du même tonneau :
• Soit la rigueur est assez rigoureuse avec son coût social, les risques pour la croissance et le remboursement
de la dette est très lourd pour les peuples,
• Soit la rigueur n’est pas assez rigoureuse, les taux d’intérêts augmentent et le remboursement de la dette est
très lourd pour les peuples.
Une espèce de : "à tous les coûts on gagne".
Les français dans la rue l’automne dernier, le peuple grec, les indignés espagnols qui refusent de se laisser tondre mettent en évidence
la nécessité d’une autre politique.
2) Une crise écologique qui alourdit la crise sociale.
Entre lutte pour la protection de l’environnement et lutte contre l’exploitation du travail existe une alliance objective. Le néo
capitalisme, sans vergogne, a permis la concentration des richesses entre les mains de quelques-uns à un niveau jamais atteint (10%
des français possèdent 38% de la richesse nationale, les 1% les plus riches de la planète possèdent plus de 43% des richesses).
Les ressources non renouvelables s’épuisent à un rythme effréné, le climat se réchauffe à cause des émissions grandissantes de CO2,
l’eau devient une denrée rare. Tout cela, sans entrave pour favoriser une accumulation accélérée.
Il y a une même exploitation par les mêmes rapaces, créant un front commun de résistance.
"Les grandes firmes globales...… sont devenues depuis la fin des années 80, les acteurs d’une nouvelle division internationale du
travail…….elles arbitrent en permanence entre les avantages comparatifs de chaque territoire, selon des critères de coûts" (Sandra
Moati -Alt. Eco- juin 2011).
Ces derniers n’intègrent jamais le coût de l’épuisement des richesses, du réchauffement climatique, d’aucun dégât environnemental.
Devant l’état de la planète, on est conduit à penser que "les critères de coûts" s’accommodent plutôt de laxisme en la matière.
Or, moins on est riche, plus lourdes sont les conséquences de la crise écologique.
Lorsque les ressources diminuent, les prix de l’énergie augmentent. Plus son revenu est bas, plus il est difficile de mettre de l’essence
dans sa voiture, plus il est difficile d’en changer pour une moins gourmande (et moins polluante), plus il est difficile de se chauffer,
moins il est facile d’isoler son logement
3) Le diagnostic préfigure les remèdes
– Pour les salariés, il faut une meilleure répartition des richesses : une plus grande justice sociale, la santé pour tous, une éducation républicaine et de qualité, la protection des biens communs, en bref, des services publics améliorés....
– Du point de vue de la finance, il faut la rigueur, la rigueur et encore la rigueur. Pour le peuple, évidemment, pas pour
les traders ou les dépenses folles comme l’EPR ou l’aéropors de N-D des Landes etc... pas pour les très hauts salaires
et/ou dividendes ...
Pourtant on commence à entendre certains soutiens objectifs du système capitaliste commencer à « s’inquiéter », eux
aussi ...Ainsi peut on lire cette étonnante déclaration :
« Les citoyens finiront par se révolter contre la "dictature de fait" des marchés financiers qui s’exerce depuis le début
de la crise de la dette en zone euro », a estimé le président de l’Autorité des marchés financiers(AMF), Jean-
Pierre Jouyet, dans un entretien au Journal du dimanche.
*http://www.factorielles.com/wp-content/uploads/2008/07/rfc-juin-2009.pdf