
Des milliers de travailleurs migrants sont arrivés ces derniers mois en Europe après avoir fui les guerres de Libye et du Mali. Certains se retrouvent coincés à Naples, en Italie, où en attendant un hypothétique permis de séjour ils sont logés dans des hôtels cossus de la ville. Ils s’organisent, rencontrent des militants associatifs et des avocats et travaillent au noir, souvent au bénéfice de la mafia. Ils voudraient sortir de la clandestinité pour poursuivre leur route, mais rares sont ceux qui parviennent à être reconnus comme réfugiés.
(...) Dans une ville où le laisser-aller et le laisser-faire sont devenus la règle générale pour les immigrés, tout semble reposer sur le travail des bénévoles et des avocats. « La société civile en Italie est tombée à terre. Il y a des Italiens qui luttent, mais ils sont peu ». (...)
En dix ans, la situation est devenue dramatique, expliquent Christian Valle et Gilda Violato. Depuis l’instauration du délit de clandestinité en 2009, les réfugiés ne peuvent même plus les accompagner devant le juge. Leur travail d’avocat est rendu de plus en plus compliqué par les variations des lois migratoires, et ils doivent faire avec l’impatience de leurs clients. Il faut attendre pour le passage devant la commission ; si la réponse est négative, comme c’est souvent le cas, il faudra attendre encore pour un permis de séjour, rarement obtenu. D’ici là, on reste à l’hôtel et rien ne se passe. À moins qu’on trouve un travail. S’ils n’ont pas de travail, ils font des bêtises, continue Yasmine Accardo. Et les bêtises, c’est souvent tomber dans les mains de la Camorra ». Elle, a toujours du travail à donner. Les jobs non déclarés, les immigrés les prennent, faute de mieux. (...)
Confinés dans l’attente, ignorés par le gouvernement, recrutés par la mafia, méprisés par la population, les Africains de la place Garibaldi sont pleins de fatigue et de peur. Et après une grande manifestation à Rome en janvier et plusieurs rencontres avec les autorités qui n’ont abouti à rien, ils dépriment seuls dans leur chambre. (...)