
Déjà oubliée, la COP ? Il y a deux mois, jour pour jour, l’Accord de Paris était signé dans l’enthousiasme des officiels. Il est trop tôt pour dire s’il a ou non changé la donne des politiques climatiques. Celles-ci dépendront de la pression de la société civile, explique l’ex-coordinatrice de la Coalition climat 21.
(...) Juliette Rousseau – La coalition continue d’exister même si on est dans une phase de redéfinition. La première étape, c’est que les organisations membres fassent un bilan en interne et définissent la suite de leurs priorités. Une nouvelle assemblée générale devrait se tenir courant mars au cours de laquelle on décidera de ce qu’il adviendra du mouvement, avec un changement de nom. La réunion internationale de Berlin prévue en février a été annulée. La fenêtre de tir, depuis les mobilisations de New York en septembre 2014 en passant par Lima et jusqu’à la COP 21, a été très importante. Toutes les organisations y ont mis beaucoup d’énergie. Là, on est dans une phase de reflux au niveau de la convergence, et on a besoin de faire le point. Je n’interprète pas du tout cette phase de reflux comme une faiblesse du mouvement ou une démobilisation générale. Aujourd’hui, l’enjeu c’est comment faire en sorte que les mobilisations qui se sont articulées autour de la COP 21 se dirigent vers des enjeux beaucoup plus concrets.
Alors comment utiliser l’élan des sociétés civiles né avant et pendant la COP 21 ?
En France, on a fait se rencontrer un certain nombre d’organisations et les liens qui se sont créés dans la dynamique de la COP 21 vont se renforcer. Il y a des convergences qui apparaissent, des dynamiques qui se resserrent. Une vingtaine de groupes locaux se sont créés. Les moments de mobilisation internationale comme la COP 21 sont aussi le début de trajectoires militantes. À l’issue d’une telle mobilisation, tous les militants qu’on n’avait jamais vus avant ont acquis des savoir-faire très intéressants.
Pour moi, l’enjeu de la COP 21 était d’utiliser ce moment galvanisant où on allait parler du climat pour faire se rencontrer les mouvements sociaux, créer de la convergence, engranger du savoir-faire, de l’expérience, organiser des actions dans la rue, etc. Ce n’était pas du tout de sortir avec un accord. Je ne suis pas désabusée, mais cela fait longtemps que j’ai choisi de mettre mon intérêt du côté des mouvements sociaux, qui sont pour moi le principal vecteur de changement. On a un vrai travail à faire pour connecter les discours qui sont faits sur le climat, comme à la COP 21, avec le potentiel politique des luttes. La responsabilité des organisations et des ONG au niveau international et national est de rappeler qu’à un moment les résistances locales sont les plus pertinentes pour parler de climat.
Quand on regarde ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes, la résistance n’a pas attendu que des organisations nationales la rejoignent. C’est à travers Notre-Dame-des-Landes ou les gaz de schiste qu’on entend encore parler de la COP 21. Le gouvernement français qui s’était découvert une vocation climatique pendant les quelques mois précédant la COP 21 est-il encore sur cette ligne ? On se rend compte que non. (...)