
C’est avec un sens précis du symbole que la préfète du Pas-de-Calais a choisi le 18 juin, jour anniversaire de l’appel du général De Gaulle à la résistance (voir ici et là), pour organiser des rafles d’exilés à Calais et le placement d’au moins cinquante-quatre d’entre eux en rétention, avec notamment des décisions d’expulsion vers l’Afghanistan et le Soudan.
L’opération a été renouvelée pendant la semaine du 20 au 27 juin, avec une trentaine de placements en rétention, et encore des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) vers l’Afghanistan et le Soudan).
Les personnes ont été dispersées dans différents centres de rétention à travers la France, parfois emmenées en avion depuis l’aéroport de Mark, à côté de Calais, qui est de plus en plus utilisé pour ce genre d’opération.
Il est par conséquent difficile de collecter les informations sur ce que deviennent ces personnes une fois placées en rétention. Une partie a été libérée par les juges (tribunal administratif ou juge des libertés et de la détention – JLD), d’autres parce que la préfète n’a pas prolongé la rétention au-delà de 5 jours, ce qui évite le passage devant le JLD.
Mais dans d’autres cas, des rendez-vous avec le consulat du pays de destination (pour en obtenir le laisser-passer nécessaire à l’expulsion) ont été organisés et des places sur des vols pour Kaboul et Khartoum ont été réservées. Des expulsions effectives sont donc possibles.
Ci-dessous, le communiqué et l’appel à mobilisation du Groupe Information Rétention Calais :
« De Calais à Kaboul en passant par Khartoum
Arrestations massives, placements en Centre de Rétention Administrative, tentatives de renvois en Afghanistan et au Soudan : l’autre versant du plan Cazeneuve ! (...)
la France tente d’expulser les rescapés de l’Europe forteresse dans leurs pays d’origine ! Après les renvois groupés en Albanie, à quand les charters pour le Soudan, l’Afghanistan, l’Érythrée, l’Éthiopie ? Là où le plan Cazeneuve prétend « humanité et fermeté », nous ne voyons que rafles, centres de rétention et tentatives d’expulsion, notamment pour les personnes ne souhaitant pas être forcées de demander la protection de la France mais continuer pour des raisons légitimes leur route vers l’Angleterre. D’ailleurs, comment leur reprocher de ne pas demander l’asile en France lorsque l’on ne propose que l’’inhospitalité et répression comme politique d’accueil ? (...)