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Courrier International
Vu de l’étranger : l’heure de recoller les morceaux en France
#electionslegislatives #medias
Article mis en ligne le 14 juillet 2024
dernière modification le 12 juillet 2024

“Ces instants-là sont rares : quand le pays décide de tourner le dos à une époque politique pour emprunter une autre direction, c’est un moment historique.” On pourrait croire que cette phrase a été écrite au regard de la situation politique en France après le second tour des législatives. Il n’en est rien. Dans New Statesman, Andrew Marr décrit en fait l’autre séisme politique majeur de la semaine, celui qui a vu les travaillistes l’emporter très largement au Royaume-Uni, mettant fin à quatorze ans de règne conservateur.

Le journaliste britannique évoque un triomphe en trompe-l’œil et met en garde les nouveaux vainqueurs, imaginant un électeur qui s’adresserait au Parti travailliste : “Sache que rien n’est acquis. Ne fanfaronne pas, reste à l’écoute, ne renoue pas avec la politique habituelle de Westminster en nous prenant de haut. Ça, nous n’en voulons plus. Et si tu ne tiens pas compte de ce message, tu vas le regretter.”

(...) “Vive la France” (Ta Nea, Grèce), “Liberté, égalité, félicité” (Pagina 12, Argentine), “Plus de Mbappé, moins de Le Pen” (Il Foglio, Italie)… La presse internationale rivalisait d’inventivité au lendemain du scrutin pour dire le soulagement en France et dans le monde devant l’échec du Rassemblement national. Mais, comme au Royaume-Uni, il ne faut pas se tromper sur le sens de cette victoire, avertit une grande partie de la presse étrangère. (...)

Le Nouveau Front populaire a uni la gauche, mais pour faire quoi, au juste ? s’interroge Annika Joeres dans Die Zeit. Même interrogation dans la Süddeutsche Zeitung : “Probablement surpris par la formation éclair de l’alliance de gauche, le président Macron a laissé cette élection tourner au chaos politique, écrit Stefan Kornelius. Une coalition de partenaires improbables s’est formée dans l’urgence avec pour objectif de faire barrage à l’extrême droite. Mission accomplie – et maintenant ?” (...)

Le président français “voulait que ces législatives anticipées, avec une campagne éclair de trois semaines, soient pour la France un moment de ‘clarification’ politique. L’inverse s’est produit, déplore le Financial Times. Les électeurs ont montré ce qu’ils rejetaient, mais pas ce qu’ils soutenaient. Le pays doit maintenant s’attendre à des mois, voire des années, d’incertitude politique et de gouvernance instable.”

Pour le Rassemblement national, arrivé troisième et à qui la victoire semblait promise après le premier tour, la désillusion est immense, raconte Stefano Montefiori dans le Corriere della Sera. Le journaliste italien était au QG du RN, le soir du deuxième tour. Il décrit la stupeur et la déception des militants sur place (...)

Le Nouveau Front populaire est prévenu. Une fois encore, le front républicain a tenu. Mais une longue séquence d’incertitudes s’annonce, un “saut dans l’inconnu”, selon la presse étrangère. Plus que jamais, il faudra tenter de répondre aux attentes des Français pour éviter un nouveau scénario du pire, en 2027. Ou même avant.