Voir l’atroce d’aujourd’hui, se souvenir, lire celui d’hier.
Attacher un blessé sur le capot d’un véhicule militaire, l’exhiber en ville comme un trophée de guerre, alors que ses plaies béantes saignent et s’infectent au contact de l’air. Rouler sur le corps inanimé d’un civil. Aller et venir. Ne pas faire confiance au feu des snipers et mitrailleuses, donner la mort avec une rage aveugle, se divertir. Des choses qui arrivent, quotidiennement, en Cisjordanie, à l’ombre du génocide toujours en cours à Gaza.
Dans la novlangue du colonialisme israélien, ces actes barbares ne sauraient être qu’une simple et anodine « réaction involontaire de l’armée la plus morale du monde contre les terroristes qui lui sont hostiles », dans un territoire qu’elle colonise pourtant depuis 1967.
À Jénine, Tulkarem, Naplouse, Jéricho et Hébron, le régime colonial étend la toile de l’apartheid jour après jour, dépossède et expulse des familles entières de leurs terres et villages, emprisonne et torture par milliers, affame, systématise la soif, tire délibérément sur les ambulances, donne la mort, avec joie, une joie vengeresse. L’impunité est totale, absolue.
Cela se passe aujourd’hui. C’était le cas hier.
Comprendre donc l’atroce actuel passe aussi par se souvenir, lire celui des décennies précédentes. (...)