
Des dizaines de manifestations se sont tenues samedi devant les palais de justice à travers la France pour dénoncer la "culture du viol". Les collectifs féministes réclament une loi globale contre les violences sexuelles.
Procès des viols de Mazan, révélations sur l’Abbé Pierre ou viol suivi d’un meurtre de Philippine : des dizaines de manifestations ont eu lieu samedi 19 octobre devant les palais de justice de France pour "dénoncer la culture du viol", à l’appel de plusieurs collectifs féministes.
L’un deux, "Osez le féminisme", demande une "révolution institutionnelle", notamment pour que la "justice soit enfin rendue aux 94 000 victimes de viol et aux victimes d’agressions sexuelles chaque année en France".
À Lyon, plus de 300 personnes se sont rassemblées devant le palais de justice, dont certaines habillées comme "Rosie la riveteuse", bleu de travail et foulard rouge à points blancs noué sur la tête, devenue un symbole de l’émancipation des femmes. (...)
"Que la honte change de camp"
À Paris, c’est une centaine de personnes qui se sont réunies devant le tribunal judiciaire, avec des pancartes et des slogans appelant à ce "Que la honte change de camp" ou se demandant ce "Que fait la justice ?".
À Marseille, où une trentaine de personnes étaient rassemblées, plusieurs manifestantes tenaient une pancarte à l’effigie de Gisèle Pelicot, scandant "stop au non-lieu" et "condamnation pour les violeurs".
Selon une étude de l’Institut des politiques publiques publiée cette année, le taux de classements sans suite s’élevait à 94 % en 2020 dans les affaires de viols. Un chiffre qui diffère très largement de celui pour 2022 du ministère de la Justice qui indique que cette année-là "68 % de ces procédures transmises au parquet ont été jugées non poursuivables, après examen par un magistrat, sur des critères juridiques".
Pour Valentine Caffè, 50 ans, l’affaire Gisèle Pelicot est "presque un cas d’école" qui peut "faire basculer le droit", espérant que la France prenne exemple sur l’Espagne par exemple, dont la loi "Sólo sí es sí" (NDLR : "Seul "oui" veut dire "oui") fait que c’est à l’agresseur de prouver qu’il y a consentement. "Quand j’ai expliqué ça à ma fille, qui a 12 ans, et à ses copines, elles n’y croyaient même pas", regrette cette manifestante, qui dit avoir eu "honte". (...)
Quelques hommes étaient également présents (...)
"La fin de l’impunité" pour les agresseurs sexuels
Devant le Palais de Justice de Toulouse, les manifestants étaient une centaine en début d’après-midi devant une grande banderole où il était inscrit "Violeur hors CHU". La mobilisation haut-garonnaise avait en effet une connotation particulière, alors qu’un étudiant en médecine condamné à cinq ans de prison avec sursis pour agressions sexuelles doit faire sa rentrée à l’internat de médecine toulousain en novembre. (...)
À Strasbourg, parmi les 200 manifestants, Ylio Bode, vendeur de 20 ans, a rappelé qu’il était "super important de se mobiliser." Gisèle Pelicot "ça pourrait être ma mère, ma sœur, ça pourrait être n’importe qui". (...)
En septembre, 10 000 personnes avaient défilé dans les rues de France en soutien à Gisèle Pelicot, qui a refusé le huis clos pour le procès de son ex-mari qui la droguait pour la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus. Cinquante autres hommes de 36 à 74 ans sont jugés au côté de son désormais ex-mari.
"Je dédie (ce combat) à toutes les personnes, femmes et hommes, à travers le monde, qui sont victimes de violences sexuelles", avait-elle déclaré à la presse.