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l’OBS
Violences faites aux enfants : 101 professionnels du droit, de la santé et du monde associatif répliquent à l’Ordre des Médecins
#enfants #violences #inceste #medecins
Article mis en ligne le 22 octobre 2023
dernière modification le 21 octobre 2023

Pour les signataires de cette tribune, l’organisme professionnel ne remplit pas son rôle dans la lutte contre l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, malgré ses grandes déclarations.

Le 6 août dernier, dans le journal « le Monde », l’Ordre des Médecins a rédigé une tribune dont l’ambition affirmée est de redire ses motivations protectrices. « Accompagner, assister, éclairer, mais aussi soutenir celles et ceux que nous sommes amenés à soigner » seraient devenus les préoccupations de l’Ordre. Dans un contexte de campagne gouvernementale sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, nous tenons à souligner que l’Ordre des Médecins fait, au contraire, « comme si » :

Comme s’il était attaché à une médecine « humaniste et bienveillante » (...)

Les nombreux jugements ordinaux portés à la connaissance du collectif Médecins Stop Violences montrent que :

 L’Ordre a condamné à de lourdes interdictions d’exercice des médecins qui n’avaient fait que signaler des enfants en danger. (...)

L’Ordre interdit paradoxalement au médecin de mettre en cause dans ses écrits un parent maltraitant alors que plus de 80 % des violences faites aux enfants le sont dans le cadre de la famille.

 L’Ordre quand il ne soutient pas des accusés applique aux médecins l’interdiction d’immixtion dans les affaires de famille (...)

Comme si les chiffres du faible taux de signalements médicaux n’existaient pas

La Haute autorité de Santé a relevé dès 2011 que moins de 5 % des signalements pour enfant en danger ou risquant de l’être émanaient des médecins. Dans le même temps elle estime, à juste titre, que les médecins font partie des acteurs de proximité les plus à même de dépister les maltraitances. (...)

Une très récente étude * de l’UMJ (unité médico-judiciaire) de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris relève même que sur les 481 mineurs de moins de 15 ans reçus dans le cadre de violences sexuelles intras familiales entre 2018 et 2022, seuls 6 cas avaient été signalés par un médecin, soit 1,30 % des cas.

Mais tout cela n’existe pas pour l’Ordre des Médecins, dont la vice-présidente n’hésite pas, à qualifier les médecins condamnés dans les suites de signalements de « justicier sauveur » et de « cas minoritaires ». (...)

Comme s’il prenait à cœur la lutte contre l’inceste…

En réalité, au lendemain de la parution du second rapport de la Ciivise (Commission indépendante sur l’Inceste et les Violences sexuelles Faites aux Enfants) en mars 2022 qui recommandait l’obligation légale de signalement par les médecins de toute suspicion de maltraitance, l’Ordre déclarait par la voix de sa vice-présidente dans « le Monde » son opposition vigoureuse à cette mesure qui a pourtant fait ses preuves dans de nombreux pays.

Ce faisant, l’Ordre des médecins s’inscrit en totale contradiction avec les préconisations de la CIIVISE et avec la campagne gouvernementale actuelle de sensibilisation, prévention et lutte contre l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.

Comme s’il voulait assurer une « protection juridique à tous les médecins »… (...)

Comme s’il avait « développé des solutions responsables pour répondre à ces problématiques sensibles » que sont les violences conjugales… (...)

Alors qu’il s’est arc-bouté au moment du Grenelle sur les violences conjugales pour préserver le secret médical coûte que coûte. En effet cette loi 2020-936 du 30 juillet 2020 dont l’Ordre est si fier, a en réalité limité les possibilités d’intervention médicale. Les signalements étant en effet conditionnés à l’existence d’un danger immédiat de mort. (...)

Comme s’il avait les compétences pour organiser « un renforcement significatif de l’accompagnement des médecins » en situation de signaler une violence (...)

aucune réflexion n’a été menée avec les professionnels de terrain compétents sur ces sujets. Les « comités vigilance sécurité » que l’Ordre assure avoir mis en place sur tout le territoire ne comportent aucun médecin spécialiste des violences faites aux enfants. (...)

Mais il y a un point sur lequel l’Ordre des Médecins n’a pas fait « comme si », c’est celui de la communication médiatique (...)

160 000 victimes enfants par an, un enfant violé toutes les 3 minutes en France nécessitent des actes et un engagement réel auquel l’Ordre doit s’atteler en commençant par cesser de poursuivre des médecins qui ont seulement tenté de faire protéger un enfant. (...)

Lire aussi :

-(Le Télégramme)
Un portail de signalement des violences faites aux enfants en complément du 119