Pourquoi la violence ne nous choque plus comme avant ? Quelles conséquences pour la société ? Enquête sur l’usure émotionnelle des images et la banalisation de la violence
Pourquoi une scène ultra-violente dans une série nous atteint moins qu’avant ? Pourquoi faut-il aujourd’hui plus d’intensité, plus de choc, pour ressentir quelque chose ?
Dans cet épisode, je pars d’un simple décalage vécu devant un écran pour remonter un fil beaucoup plus large : un siècle de fiction, l’économie de l’attention, l’explosion des images réelles filmées au téléphone, et notre système nerveux qui s’habitue sans nous prévenir.
On explore ce que la psychologie sait de la désensibilisation, ce que la sociologie dit de la disparition des médiations collectives, et ce que tout cela change dans notre rapport au tragique, aux autres, et au monde qui nous entoure.
Un épisode pour comprendre comment notre seuil sensible se déplace, et comment continuer à regarder sans s’éteindre.
Idées clés
1. Comment la violence a changé de visage
La représentation de la violence a connu une escalade lente : du choc frontal de Robocop aux esthétiques ironiques de Tarantino, jusqu’à la surenchère graphique des séries et du “torture porn”.
L’extrême n’est plus exceptionnel : il devient un motif visuel, un langage narratif, parfois même un ressort comique.
L’esthétique du choc est désormais une condition pour émerger dans un environnement saturé d’images.
2. Ce que ces images font au corps
Les recherches de Barbara Krahé montrent une dessensibilisation progressive : le système nerveux ajuste son seuil d’alerte à mesure qu’il est exposé.
Le General Aggression Model (Anderson & Bushman) décrit comment le cerveau encode des “scripts” d’interprétation, rendant certains gestes ou situations plus familiers.
L’empathie ne disparaît pas, mais elle se déclenche plus lentement : les signaux de détresse deviennent moins saillants dans un paysage visuel saturé.
3. Le brouillage entre fiction et réel
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