
Lors de leur « niche parlementaire », les députés insoumis ont échoué sur le fil à faire adopter plusieurs mesures en faveur de la régulation des marchés du secteur agro-industriel. C’est grâce aux députés LR que le camp macroniste a évité, in extremis, la défaite.
L’espoir de la victoire aura été de courte durée, mais l’histoire en dit long sur une majorité en capilotade. Et peut-être même davantage : « Aujourd’hui, j’ai assisté, au sein même de l’Assemblée nationale, à un petit détachement de l’idéologie dominante », voulait croire, en fin de journée, le député La France insoumise (LFI) François Ruffin, interrogé par Mediapart.
Ce n’est ainsi qu’à six voix près, et après d’intenses manœuvres des députés du camp présidentiel, que la proposition de loi de l’Insoumis Manuel Bompard pour faire baisser le prix des produits alimentaires et du carburant a été rejetée. Vers 16 h 30, jeudi 30 novembre, celui-ci est apparu l’air déconfit en salle des Quatre-colonnes, aux côtés de sa collègue Aurélie Trouvé.
« Enfin, on avait une majorité pour réguler le secteur agricole et répondre à l’intérêt général. Mais les macronistes ont multiplié les amendements et les coups de téléphone pour nous faire échouer » (...)
« On a de la peine pour les Français qui tirent la langue en ces temps d’inflation. Il est clair désormais que les droites [le groupe macroniste et le groupe Les Républicains – ndlr] servent les intérêts des multinationales et de leurs actionnaires », a souligné la militante altermondialiste, aujourd’hui députée LFI. (...)
La bataille fut aussi serrée qu’inattendue. (...)
Également au centre des débats, le renforcement de la transparence et de l’encadrement des marges réalisées par les géants de l’agroalimentaire et du carburant, afin de contrer une inflation inégalée depuis les années 1980. « Une petite minorité [d’industriels de l’agroalimentaire – ndlr] se gave sur le dos du plus grand nombre. Et le gouvernement multiplie les déclarations d’intention et les opérations de communication : Bruno Le Maire demande, s’inquiète, supplie… mais refuse ce qu’on attend de lui : agir par la loi », a lancé Manuel Bompard face à Olivia Grégoire, assise au banc des ministres.
La ministre de la consommation n’a pas tardé à répondre par l’offensive, reprochant aux Insoumis de vouloir imposer, « comme à Cuba ou en Union soviétique », des mesures « sclérosant » le système. Préconisant au contraire davantage de concurrence pour contrer « les marges abusives », elle a laissé le président Renaissance de la commission des affaires économiques prendre la suite de cette ode au libéralisme international. (...)
Une suspension de séance pour la pause déjeuner et quelques coups de fil plus tard, changement d’ambiance. Le président de la commission des lois Sacha Houlié (Renaissance) suspendait les travaux sur la loi sur l’immigration qui avaient lieu au même moment quelques étages plus bas, et les députés de la majorité ont soudainement fait leur entrée par toutes les travées de l’hémicycle. Six députés LR ont aussi rejoint leurs bancs pour voter et sauver la mise aux députés macronistes. Pour cette fois.