
« Chambouler le marché de la sécurité privée en proposant au grand public une application de protection rapprochée », voilà le projet affiché par l’entreprise Weprotect group dans les colonnes du journal Le Parisien.
(...) « À la manière dont Uber s’est imposé face aux taxis il y a une dizaine d’années, le gérant de l’agence spécialisée dans la sécurité privée et dans la protection des groupes de luxe, veut »disrupter les codes du marché de la sécurité » » explique le quotidien le 21 mars.
« Pour agrandir sa brigade, l’agence recrute », et pourrait déployer 10.000 vigiles privés en région parisienne prochainement. L’entreprise propose déjà des équipes de gros bras pour les riches qui veulent leur équipe de sécurité pour leurs événements haut de gamme. Elle veut déployer des bandes d’agents de sécu mobiles payés à la tâche dans la capitale.
Nous vivons déjà entourés de caméras de surveillance, nos déplacements sont géolocalisés, les lois sécuritaires s’enchaînent et amplifient le contrôle de la population, la police est partout et de plus en plus armée, l’Intelligence artificielle pourra bientôt nous analyser… Pour compléter cette société dystopique, des milliers de miliciens pourraient intervenir sur simple demande.
Cette annonce inquiétante est le résultat de la Loi dite « sécurité globale » votée en 2021 et rédigée par Gérald Darmanin. Souvenez-vous, à l’époque, des centaines de milliers de personnes avaient protesté contre cette loi hyper-répressive, qui prévoyait notamment d’interdire de photographier des policiers. Cette mesure avait été abandonnée, mais d’autres sont bien entrées en vigueur. (...)
C’est une délégation du fameux « monopole de la violence » normalement réservé à des fonctionnaires, dans une opacité totale, à des firmes qui n’ont qu’un objectif : faire du profit. (...)
L’État pourrait avoir à sa disposition répressive, au quotidien, pas loin d’un demi-million d’agents du maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure, soit un potentiel ratio d’environ un fonctionnaire des forces intérieures pour 150 habitants (contre un pour 281 en 2018), la France devenant le premier pays sécuritaire de l’Union Européenne ».
Cela veut dire qu’il y a en France plus de personnes payées pour contrôler la population que pour la nourrir, c’est-à-dire de paysan-nes. Aujourd’hui, le nombre d’agriculteur-ices est tombé à environ 400.000 personnes selon une étude de l’INSEE d’octobre 2020.
Les agents privés commettent des violences. (...)
Avec cette « ubérisation » de la sécurité, il faut donc imaginer que des milices privées qui n’auront pas de limite dans l’usage de la violence, ni d’encadrement ou de formation, qui se déplaceraient à moto ou dans des véhicules civils pour aller rendre service à leurs « clients » les plus offrants.
Nous fonçons vers une société à l’américaine, à la fois très inégalitaire et très violente, et traversée par une méfiance généralisée des uns envers les autres. Mais où les riches peuvent s’offrir leur propre milice qui viendra réaliser des tâches à la demande.