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Hypathie blog
Vers l’égalité, contre le consentement
#femmes
Article mis en ligne le 9 novembre 2024
dernière modification le 7 novembre 2024

L’article 222-23 du Code pénal français dispose que :

" Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur, par violence, menace, contrainte ou surprise, est un viol. " Le viol est puni de 20 ans de réclusion criminelle.

Nulle part le mot consentement n’est mentionné. Alors pourquoi les magistrats et les avocats veulent-ils savoir à toute force si la plaignante victime d’un viol n’aurait pas été un peu consentante, ou si elle a bien spécifié clairement son non-consentement aux actes commis sur elle ? Les agresseurs posent-ils seulement la question, alors que c’est généralement leur argument de défense ? C’est devenu d’actualité et surtout de circonstance, avec le procès de Mazan où une femme endormie chimiquement est livrée à des consommateurs de sexe violeurs. Pourquoi des députés ou des féministes veulent-elles faire entrer le consentement dans cette définition ? Les mots ’violence", ’menace’, ’contrainte’, ’surprise’ ont-ils besoin de précision supplémentaire ? N’annulent-ils pas à eux seuls la notion de consentement ?

Nous sommes -pour notre malheur, dans une époque néo-libérale où le contrat est devenu un objet, une disposition régissant nos vies. (...)

Le contrat entre pairs. Je ne sais si un ingénieur informaticien qui vend un service de développement logiciel à une entreprise, ou un créatif qui loue ses compétences artistiques à une agence de publicité sont exactement à parité avec leur commanditaire, si le patron ne serait pas un peu en position de force, même relativisée par la rareté sur le ’marché’, mais c’est l’idée. (...)

La liberté précède-t-elle l’égalité, ou est-ce l’inverse ? Accepter est-ce la même chose que vouloir ? Le consentement n’est-il pas l’acquiescement au pouvoir ? Comme si c’était possible d’être libre sans être égaux, surtout quand on est femme, et qu’on est en plus supposée être faite pour le sexe.
Dans un contexte où les agressions sexuelles et le viols sont sous-déclarés, les dossiers classés, où les cas déclarés sont blanchis avec peu de chance de voir l’agresseur aller en prison, l’agression sexuelle est le crime violent le moins signalé, constate Catharine McKinnon dans son ouvrage.

Juriste internationale, avocate, professeure de droit à Harvard, militante féministe, McKinnon pose donc la question de la pertinence de la notion du consentement des femmes à l’acte sexuel en cas d’agression, question récurrente de la police et des magistrats : a-t-elle suffisamment dit non, et s’est-elle défendue contre son agresseur ? (...)