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Vendre « 60 Millions de consommateurs », c’est signer sa disparition
#60millionsdeconsommateurs #INC #privatisations
Article mis en ligne le 16 mars 2025
dernière modification le 13 mars 2025

L’État veut vendre à un acteur privé le magazine spécialisé dans la consommation, qui a révélé de nombreux scandales. Un énorme « gâchis » qui condamnerait le média, explique notre journaliste Fabienne Loiseau dans cet éditorial.

(...) « 60 » est financé par ses acheteurs en kiosque et ses abonnés.

En France, c’est le seul magazine grand public à appartenir à un établissement public à caractère industriel et commercial (Épic), l’Institut national de la consommation (INC). Ce dernier bénéficie de subventions de l’État au titre de ses missions de service public.

La bête noire des industriels

Et l’écologie dans tout ça ? Né en plein avènement de la consommation de masse, 50 Millions (devenu 60 Millions en 1995) est rapidement devenu la bête noire des industriels en révélant les abus en tout genre, notamment ceux mettant la santé des consommateurs en danger.

En 1974, le magazine a par exemple publié une enquête sur les hormones et les antibiotiques injectés aux veaux, et appelé à l’interdiction de ces substances. En 1998, il a mené la première étude en France de détection d’OGM sur des produits vendus en supermarché : des traces de soja ou de maïs transgénique étaient retrouvées dans des chips, huiles et biscuits de grandes marques, sans que rien ne le signale sur l’étiquette.

« Certaines révélations ont permis de faire bouger les lignes » (...)

Certaines révélations ont aussi permis de faire bouger les lignes. Lorsque le magazine a détecté des toxiques dans des couches pour bébés en 2017, les pouvoirs publics se sont saisis de la question, les fabricants finissant par améliorer leurs processus de fabrication.
Tant pis pour la pluralité de la presse !

Plus récemment, « 60 » a dénoncé la présence de plastifiants dans des huiles d’olive, de pesticides dans des confitures ou encore de PFAS dans des poêles pourtant étiquetées « sans PFAS ».

Mais voilà : « Un journal n’a rien à faire dans le giron de l’État ! » Cette petite musique tourne depuis une quinzaine d’années dans les bureaux des cabinets ministériels qui se succèdent à Bercy. Elle est désormais écrite noir sur blanc dans un rapport de la Cour des comptes publié le 5 mars dernier qui conforte la décision de cession (...)

quel éditeur privé pourrait, aujourd’hui, garantir au média quinquagénaire une totale indépendance et l’absence de publicité ? « 60 » n’est pas un journal comme les autres. Réaliser des analyses de produits et des essais comparatifs coûte cher. Ce travail mobilise des journalistes, mais aussi des ingénieurs et des juristes. L’éventuel bon samaritain devrait accepter d’investir dans un journal de service public, donc, par définition, non rentable. Conclusion : vendre 60 Millions, c’est signer sa disparition.