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« Une volonté purement financière » : en Camargue, l’État valide une ligne électrique au détriment des oiseaux
#Etat #Camargue #biodiversite
Article mis en ligne le 27 décembre 2025
dernière modification le 25 décembre 2025

Comment sera transportée l’électricité censée décarboner la zone industrielle de Fos-sur-Mer ? L’État et RTE préfèrent une ligne aérienne, plus rapide à construire et moins coûteuse, contre l’avis d’habitants et écologistes.

L’État a tranché : des pylônes traverseront les espaces sensibles de la Camargue et de la Crau. En dépit d’autres scénarios moins délétères pour la biodiversité. Cette nouvelle ligne à très haute tension — 400 000 volts — de Jonquières-Saint-Vincent (Gard) à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) doit alimenter les futurs besoins électriques de « décarbonation » et de réindustrialisation de la zone industrialo-portuaire.

Un enjeu de taille : les usines du golfe de Fos pèsent actuellement 25 % des émissions nationales de gaz à effet de serre d’origine industrielle.

Selon la volonté de l’État, inscrite dans un rapport paru le 18 décembre en conclusion du débat public, 65 kilomètres de ligne électrique seraient donc érigés à l’horizon 2030. Le tout à travers le parc naturel régional de Camargue, la réserve naturelle des Coussouls de Crau et quatre sites Natura 2000.(...)

Dernière steppe sèche d’Europe occidentale, la plaine de Crau serait particulièrement touchée. Les habitats de plusieurs espèces, en particulier d’oiseaux, seraient menacés. Le ganga cata, un oiseau d’une trentaine de centimètres, risquerait l’extinction en France, a même prévenu une note des services de l’État.

Sous la mer ou enterrées, d’autres solutions avaient pourtant été portées au débat (...)

selon l’État, passer sous la Méditerranée « entraînerait des coûts et des délais nettement plus importants et incertains ». La mise en fonctionnement de cette solution se ferait vers 2035 pour un coût estimé à 4 milliards d’euros — la version aérienne étant évaluée entre 300 et 400 millions d’euros. (...)

Donnant satisfaction au lobby Provence fabrique des possibles, qui regroupe plus d’une centaine d’industriels, l’État projette d’activer la nouvelle ligne électrique, aérienne donc, en 2029. Il s’agit d’« aller vite pour une volonté purement financière », fustige Jean-Laurent Lucchesi, « et pour les data centers en projet autour de Marseille », sixième pôle mondial du trafic des données numériques.

Deux autres hypothèses formulées par un expert indépendant mandaté par le préfet des Bouches-du-Rhône envisageaient soit d’enterrer la ligne sur la totalité des 65 kilomètres prévus ou de le faire partiellement. Elles ne sont pas priorisées par l’État en raison d’un délai de mise en service et de coûts plus élevés que pour l’aérien. (...)

« On ne laissera pas sacrifier nos territoires »

« On ne laissera pas sacrifier nos territoires et leurs économies rurales et touristiques. Nous attaquerons sur le juridique, affirme Jean-Laurent Lucchesi. Nous ne sommes pas contre l’industrie, nous sommes pour un vrai projet de territoire. »

Devant la pression des opposants, rassemblant écologistes, agriculteurs et élus de tous bords des territoires traversés, le nouveau préfet des Bouches-du-Rhône, Jacques Witkowski, prend déjà des pincettes. Il a annoncé que la déclaration d’intérêt publique pour l’infrastructure serait prise après les élections municipales des 15 et 22 mars 2026. (...)