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"Une bombe à retardement chimique" : qui va dépolluer les 76 000 tonnes de déchets industriels sur le site de Vencorex ?
#dechetsindustriels #pollution #Vencorex
Article mis en ligne le 1er mai 2025
dernière modification le 29 avril 2025

Après la reprise partielle de Vencorex, près de Grenoble, des syndicats et associations environnementales posent la question de la dépollution de la plateforme chimique, exploitée pendant 120 ans. Ils ont saisi, par la voix de leur avocat, la préfecture de région pour faire appliquer le principe de pollueur-payeur.

Un terrain de 120 hectares où s’amassent quelque 76 000 tonnes de déchets industriels. L’avenir de la plateforme chimique du Pont-de-Claix (Isère) interroge alors que son dernier exploitant, Vencorex, a été placé en liquidation judiciaire. Et que le groupe chinois Wanhua n’a repris qu’une infime partie du site. (...)

"Cette plateforme, qui a fonctionné pendant 120 ans, qui a enfoui ses déchets sur une zone à risque, doit maintenant traiter le problème parce qu’il n’y a plus d’exploitant sur ce site, plus de sécurité ni de maintenance", estime l’avocat et conseiller régional Les Écologistes Me Pierre Janot, qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse mercredi 16 avril.

"Vencorex est à la fin d’une véritable chaîne d’exploitants (...) et devient aujourd’hui le légataire, celui qui a une obligation de dépollution du site en tant que dernier exploitant, plaide-t-il. C’est une bombe à retardement chimique, tout simplement parce qu’on en perd le contrôle."

Site classé Seveso

Les 76 000 tonnes de déchets chimiques ont été enfouis dans des fosses autour de la plateforme chimique du Pont-de-Claix, classée Seveso seuil haut. Parmi ces déchets, 30 000 tonnes de dioxine, des polluants organiques persistants issus des processus industriels.

Une partie est entreposée dans une fosse d’une trentaine de mètres de profondeur, recouverte d’un sarcophage pour éviter l’imprégnation des sols et un déversement dans la nappe phréatique. Mais la question de l’entretien de cet aménagement se pose désormais, alors que le site n’a plus d’exploitant. (...)

"Avant, il y avait un suivi environnemental, des analyses étaient faites. Actuellement, il n’y a plus rien et au niveau du repreneur, on ne sait pas s’ils vont continuer les analyses environnementales", pointe Jean-Yves Cesaroni, ancien salarié de la plateforme chimique et membre du syndicat CGT. "Maintenant qu’il n’y a plus d’opérateur global, il faut absolument que ces déchets soient enlevés et détruits." (...)

"Le principe de pollueur-payeur"

Des associations environnementales se sont jointes à la procédure pour demander à l’entreprise Solvay, propriétaire des terrains, de participer elle aussi à la dépollution du site. "C’est colossal et je suis horrifié par tout cela", souffle Philippe Dubois, membre de l’association France nature environnement (FNE) en Isère, craignant à terme une pollution des nappes phréatiques et des impacts "sur la santé humaine". "L’État doit prendre en charge ce problème. Ce sont surtout les industriels qui sont à l’origine de cette pollution qui doivent dépolluer, c’est le principe de pollueur-payeur", ajoute-t-il. (...)

Le groupe belge de chimie affirme "(assumer) les conséquences de son passé industriel et (traiter) les sujets de pollution - sols et nappes - en allant souvent au-delà de ce qui est requis par la réglementation."

L’avocat des anciens salariés somme également la société mère de Vencorex, PTT Global Chemicals, de démanteler les unités de production qui n’ont pas été reprises. Une mesure, selon eux, indispensable pour que les collectivités locales n’aient pas à assumer ces charges.